En Algérie, le sucre a toujours été considéré comme un produit de première nécessité, au même titre que la farine ou l'huile. C'est que le produit est effectivement très consommé : thé ou café, mesfouf, couscous aux fruits secs, en passant par les gâteaux, la confiserie et les sodas, on ne peut pas s'en passer ! Sa dénomination est la même, en arabe dialectal et en berbère : sekkur. Le mot a la même forme que le français «sucre» mais cette fois-ci, c'est le français qui l'a emprunté à l'arabe et non l'inverse. Le mot, en classique, sukar, provient peut-être d'un autre mot, sukkar, désignant l'ivresse : faut-il conclure qu'une trop forte prise de sucre, c'est-à-dire du produit extrait de la canne à sucre, favoriserait l'ivresse ? A moins qu'il ne s'agisse d'une ivresse symbolique, causée par le plaisir du sucre ! Pour l'histoire, le sucre de canne est signalé en Egypte en 643, en Syrie en 680 en Espagne en 714. C'est par ce dernier pays qu'il a pénétré, ainsi que son nom, en Europe où il a pris, progressivement, la place de l'hydromel. Le sucre est associé à la fête et à la joie à cause de la douceur de son goût. Si le sel a un pouvoir prophylactique, le sucre, lui, est un porte-bonheur : on en met, en nouet ou en morceaux, dans le trousseau de la mariée pour lui porter bonheur. Aux candidats aux examens, il porte chance, il les aide aussi à surmonter le stress et les hypoglycémies : on a le droit, en effet, quand on se sent mal, de croquer le morceau de sucre que la maman a mis dans la poche. Les épithètes qui accompagnent le sucre ? h'lu et, en berbère, azid'an ? sont utilisées comme prénoms : Lahlu et Zidane : Le Doux et Le Sucré ! Avec des prénoms pareils, on ne peut commencer la vie que sous les meilleurs auspices. Pour finir, citons cette expression : ki skur bla ma' (comme du sucre sans eau), c'est-à-dire le bonheur pur !