Avec l'augmentation de 200% du prix du sucre, plusieurs boulangers-pâtissiers veulent abandonner le créneau pâtisserie pour ne se consacrer qu'au pain. La raison est toute simple : les boulangers rencontrés ne veulent pas vendre des gâteaux à 60 ou 100 dinars l'unité. « C'est la perte des clients et la mort de mon commerce », soutient ce pâtissier de la rue Abane-Ramdane. « Le miel, le nappage, le fondant, le chocolat fabriqués à base de sucre vont tous augmenter donc les gâteaux vont suivre cette courbe ascendante des prix », explique-t-il avant de préciser que « si on perd le client c'est la fermeture du commerce ». Plus haut à la rue de Tanger (Alger centre), le patron de la boulangerie Toumi planifie déjà sa reconversion en pizzéria. « J'aurais des soucis en moins », dit-il. « Un sac de farine, de la tomate et des olives et le tour est joué », observe-t-il. Le gérant du café d'en face a déjà augmenté la petite bouteille de Coca-Cola de 5 dinars. Concernant le café et le thé, il a décidé de ne pas en majorer le prix, pour le moment, de peur de perdre les clients. « Mais si j'achète le sucre à 100 dinars le kg, je serais obligé de tricher sur la quantité de café servi », assène-t-il. Au niveau de la rue Boumendjel, le patron de la boulangerie Essaoura pense déjà à abandonner le côté pâtisserie. Il comblera ce manque par des pains traditionnels qu'il n'a pas encore présentés aux clients. « Si les choses se corsent, affirme-t-il, je changerai carrément d'activité ». M. Boulenouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), impute cette augmentation du prix du sucre au manque de l'offre à l'échelle mondiale alors que la demande s'est décuplée. Il fait remarquer aussi que le prix de l'énergie issue des bio carburants a augmenté entre 25 et 30%. En outre, « l'importation des produits de première nécessité comme le sucre n'est pas organisée dans notre pays de manière à stabiliser les prix du marché ». Comme il relève le manque de statistiques de prévision à l'instar des pays asiatiques qui connaissent les prévisions de leur consommation des produits de première nécessité sur une durée de dix ans. Concernant le marché algérien, M. Boulenouar fait porter le chapeau au marché parallèle (informel) qui cause la perturbation des prix.