Scène - Houwa ou hiya (Lui et elle) est la pièce présentée, jeudi, au TNA, par l'association théâtrale Achbal Aïn El Bénian. La pièce met en scène deux personnages, une femme et un homme, le premier (Aïchouche) est joué par Manal Tilamine, le second (Mahmoud) est incarné par Mohamed Islem, qui est aussi le metteur en scène de la pièce adaptée d'un texte de Hocine Taïleb. Et c'est autour de ce couple à la fois attachant, désopilant et familier, puisqu'il est largement inspiré de notre société, que se déploie le jeu qui prend toute son ampleur. La pièce raconte l'histoire d'un couple confronté à ce lancinant problème de la stérilité. Ce dernier oscille entre l'obstination de l'épouse à vouloir procréer et la démission du mari devant la fatalité. La stérilité, qui est un état naturel, n'étant la faute à personne, devient dans une société encore sous l'emprise de la tradition qui, elle, est régie par la superstition de différente nature, un problème, source d'incessants conflits au sein des couples. Certains – souvent le mari jette l'anathème sur la femme, considérée comme source de toute sorte de malédiction. Et si ce n'est pas l'homme qui fait des reproches à sa femme, c'est celle-ci qui en fait à son encontre, se jugeant indigne d'être une épouse – vont jusqu'à divorcer. Dès l'entame de la pièce, Mahmoud et Aïchouche se mettent en situation. Mahmoud, le mari malheureux, rentre très tard chez lui, complètement ivre pendant qu'Aïchouche, sa femme, comme à son habitude, l'attend devant sa machine à coudre, prétextant finir un travail. Dans un dialogue de sourds, Mahmoud reproche à son épouse de rabâcher tous les soirs le même sujet lié à ses attentes de procréer et son gaspillage sans limites d'argent dans des visites médicales vaines. Cela devient pour elle une véritable obsession, voire une urgence, une nécessité, et elle est prête à tout pour en avoir. Répliquant à son mari, Aïchouche tonne, à son tour, et menace Mahmoud de quitter le domicile conjugal s'il ne met pas fin à son irresponsabilité et à ses habitudes abusives. Evoquant par moments le passé qui a vu leurs destins se croiser, le couple se plaît à revivre ces instants de pur bonheur, pleins de tendresse et d'amour dépassant très vite les situations tendues qui font de plus en plus leur quotidien. Les séquences scéniques se succèdent les unes après les autres dans un rythme mesuré, assidu et ponctuel, maintenu par les comédiens grâce au jeu – fluide, sans encombre et accrocheur tant le dialogue est calqué sur la réalité – auquel ils se sont livrés, créant ainsi des situations typées et marquées par de virulentes tensions mais aussi des moments de tendres sentiments, allant donc de l'affrontement à la réconciliation, de la sévérité à la douceur des situations qui s'opposent, se juxtaposent pour créer une situation globale les liant d'une façon ordonnée dans un contexte commun, et dans lequel les concernés – les couples souffrant du problème de la stérilité – se reconnaissent. Le jeu, attrayant, mené avec beaucoup d'humour du début jusqu'à la fin de la représentation, évolue dans une mise en scène spontanée et harmonieuse. La pièce se veut une critique de la mentalité sociale et des traditions stéréotypées, puisque le couple, et ce, à travers son jeu, s'emploie à montrer au public l'absurdité de mettre en péril un projet de vie commune nourrie depuis toujours par un amour qui existe encore.