Astreintes - Face à l'incapacité des crèches à répondre aux besoins spécifiques des familles, ces dernières sont contraintes de faire appel aux services de nourrices. Certaines femmes au foyer ont trouvé dans cette situation une aubaine pour hisser la barre de leurs exigences salariales. Celles qui acceptent, généralement des jeunes filles, de se déplacer aux domiciles des familles employeuses préfèrent être payées à l'heure afin de garantir un maximum de gain possible. Et comme les parents ne lésinent pas sur les moyens pour assurer une bonne prise en charge de leur progéniture, ils finissent, souvent, par céder d'autant que ces profils se font de plus en plus rares dans les grandes villes du pays. «Ma voisine, âgée de près de cinquante ans, garde, chez elle, plus d'une dizaine de petits enfants. Il y a quelques années, elle se contentait de 2 000 DA par mois et par enfant. Ces derniers temps, elle en exige 8 000. C'est un prix fixe et non négociable. Lorsqu'on ose lui demander un arrangement, elle menace de ne plus garder nos enfants. Aussi, nous nous trouvons contraints d'accepter ses conditions pour ne pas confier nos enfants à des femmes que nous ne connaissons pas», avoue Arezki, ingénieur en électronique dans une entreprise étrangère à Alger. «J'ai une cousine au chômage, j'ai voulu la ramener chez moi pour s'occuper de mes deux petites filles, mais mon épouse a catégoriquement refusé. Entre-temps, nous avons tenté de trouver une femme âgée pour les garder à domicile, en vain. La garde des enfants devient une autre charge qui vient s'ajouter aux frais du loyer et autres dépenses quotidiennes», ajoute-t-il. Lorsque les deux parents travaillent, ils éprouvent d'énormes difficultés pour trouver à qui confier la garde de leurs enfants et se trouvent, souvent, obligés de s'accommoder à des exigences du moment. Même certaines crèches privées tentent de tirer profit de la situation. En effet, leurs tarifs sont régulièrement revus à la hausse, selon certains citoyens interrogés sur le sujet. «Au vu du nombre constamment croissant de familles qui ne trouvent pas de personnes aptes et de confiance auxquelles confier leurs petits, les crèches n'arrivent pas à satisfaire toute la demande». «Les tarifs appliqués par ces établissements privés connaissent des hausses constantes et leurs responsables expliquent, souvent, cela par la qualité du service offert mettant en avant le fait que les petits sont pris en charge par des personnes spécialisées dans le domaine de l'éducation», soutiennent-ils à l'unanimité. La cherté de la vie et les multiples charges font que les conjoints se voient obligés de travailler tous les deux pour pouvoir y faire face. Et il reste que le logement constitue le problème majeur qui ne peut être réglé que par la conjugaison des deux salaires. «Dès la réception des clés de mon logement que j'attends depuis plus de dix ans, ma femme cessera de travailler. Elle est aussi impatiente que moi car elle insiste à élever nos enfants elle-même. Aujourd'hui, elle touche un salaire de moins de 30 000 dinars, alors que la garde de nos trois enfants coûte près de 20 000 dinars ! Mais la modique somme qui reste sert, au moins, à pallier certains besoins, alors que moi je m'occupe du reste. Plusieurs de mes amis et collègues de travail qui se trouvent être dans la même situation sont, tous, d'accord pour cette solution», affirme Rabah, la quarantaine, cadre moyen dans une entreprise publique.