M'SILA - Pour bon nombre de mères de famille travailleuses de la ville de M'sila, la rentrée scolaire tend de plus en plus à devenir un vrai casse-tête en ce qui concerne la garde de leurs enfants en bas âge. Le nombre des crèches et de jardins d'enfants étant nettement inférieur aux besoins, les femmes actives, pour la plupart des enseignantes, se retrouvent à chaque fois, au moment de rejoindre le "boulot" face à l'obsédante question de la garde de leurs enfants. La seule alternative qui s'offre à elles face à l'insuffisance de crèches et de pouponnières est de s'adresser à des garderies "informelles", créées à domicile par des femmes au foyer, et qui commencent à pulluler dans la capitale du Hodna. Outre la question de confiance qui se pose par rapport à ces structures informelles, ne bénéficiant d'aucun statut et par conséquent éloignées de toute forme de contrôle, ces garderies profitent de la situation de pénurie pour imposer des prix exorbitants. Des prix qui vont jusqu'à 5.000 dinars par enfant, sans compter les frais de nourriture qui demeurent à la charge des parents. Mme Fatiha N., enseignante de son état, rapporte à ce sujet avoir entamé dès le mois d'août des recherches pour essayer de dénicher, mais en vain, une baby-sitter pour son enfant. Elle a finalement été obligée de se rabattre sur les voisins qui ont accepté de garder son bébé, sans "contrepartie matérielle". Une offre bien généreuse mais qui la met dans l'embarras, car elle ne peut rien exiger, dans ce cas, quant à la qualité de ce service fourni à titre gracieux. "C'est vrai que ce problème de garde d'enfants se pose dans toutes les grandes villes du pays, mais à M'sila le manque criant de structures d'accueil spécialisées est particulièrement pénalisant", estime cette institutrice. Du tort aux tout-petits De plus, l'absence de structures d'accueil spécialisées cause beaucoup de tort aux enfants, considère la majorité des femmes travailleuses, contraintes de confier la garde de leurs enfants à des femmes au foyer souvent sans aucune instruction. Une situation qui fait que l'enfant se retrouve en rupture complète avec son milieu familial, avec pour conséquence des "changements radicaux" dans son comportement, explique une autre mère de famille, employée dans une administration, qui affirme que son enfant est devenu violent avec une tendance à la mélancolie et aux pleurs après quelques jours passés dans une de ces garderies. Certaines femmes pensent malgré tout que ces garderies informelles ont le mérite d'exister. Les mamans travailleuses doivent "faire avec", quitte à rattraper leurs carences par un "effort spécial" une fois l'enfant de retour à la maison. Mme Khalida B. voit, quant à elle, la solution à ce problème dans le retour à la famille traditionnelle élargie qui demeure, de son point de vue, le milieu le plus propice pour le développement harmonieux de l'enfant : "cela fait vingt ans, dit-elle que je travaille et mes enfants n'ont jamais connu de problèmes puisque je les laisse en compagnie de leurs grands parents, oncles et tantes qui habitent toujours ensemble dans une grande maison familiale". D'autres femmes travailleuses confient la garde de leurs enfants à leurs mères, grand-mères ou belles-mères qui savent s'acquitter de cette mission délicate mieux que n'importe quelle crèche ou jardin d'enfant, mais encore faut-il que ces proches parents habitent la même ville et soient disponibles, sachant qu'aujourd'hui la famille est dispersée et que l'attachement au lieu du travail a tendance à primer sur le lieu de naissance ou d'origine. Une vingtaine de crèches fermées Au moment où le problème de garde des enfants commence à se poser avec une acuité particulière, une vingtaine de crèches et jardins d'enfants réalisés dans la wilaya de M'sila, au titre du programme de développement des Hauts Plateaux, demeurent encore fermées, les communes n'arrivant pas encore à trouver des formules pour les mettre en exploitation. Beaucoup de ces structures ont été réalisées sans étude préalable et implantées dans des communes qui n'ont en pas vraiment besoin car ne disposant pas d'un nombre important de femmes travailleuses, alors que dans les grandes villes à l'instar de M'sila, les dix garderies existantes connaissent une pression énorme. Les débats, qui vont bon train à ce sujet, ont abouti à bon nombre d'idées et de propositions parmi lesquelles l'ouverture de ce secteur à l'investissement privé qui demeure de l'avis de bon nombre de concernées la meilleure solution pour l'absorption du grand déficit observé dans ce domaine. Le renforcement des écoles primaires par de petites garderies d'enfants figure également parmi les solutions prônées par les femmes travailleuses à M'sila qui sont, pour la plupart, des enseignantes ou des travailleuses du secteur de l'éducation nationale. Pour l'heure, il n'y a d'autre choix pour les mamans m'silies que de faire confiance aux garderies improvisées, autant dire "clandestines", ou aux rares baby-sitters à domicile (généralement des jeunes filles sans emploi) pour pouvoir aller travailler, mais pas en toute quiétude.