Spéculation - Le consommateur ne sait plus qui est le véritable commanditaire de cette mercuriale qui prend des ailes. Sur le terrain, c'est le «ce n'est pas moi, c'est l'autre» qui fait recette. Une argumentation qui a fait son chemin depuis des lustres déjà. Les détaillants se disculpent en désignant les mandataires comme étant «la source du mal qui ronge la mercuriale». Chez ces derniers, «le détaillant reste le spéculateur number one». Pour les autorités, «c'est la faute aux consommateurs, lesquels encouragent la spéculation». Une virée à travers plusieurs marchés de la capitale et le marché de gros des Eucalyptus, nous a permis de revenir avec une certaine réalité, qui est celle que «c'est la faute aux détaillants». Commençons par le premier maillon de la chaîne, une tournée à travers les marchés de détail. Au marché Réda-Houhou, les prix des légumes sont assez élevés comparés à ceux affichés avant le ramadan. Le kilogramme de pommes de terre a atteint les 45 DA, voire 55 DA, alors qu'il était cédé à 25 DA il y a deux semaines. Les carottes sont au prix de 100 DA alors que le poivron lui est à 120 DA et le piment à 130 DA. Le prix de la tomate varie d'un commerçant à un autre, bien que dans le même marché. Certains l'affichent entre 80 et 90 DA, alors qu'au marché de gros, le kilogramme oscille entre 15 et 20 DA. La salade et le concombre sont affichés à 100 DA le kilogramme. Concernant les fruits, ils sont inaccessibles. Les figues ont vu leur prix augmenter avec l'arrivée du mois sacré. Elles étaient à moins de 150 DA au début du ramadan, elles ont atteint ces jours-ci les 200 DA le kilo. Pour le raisin (produit local), les prix oscillent entre 200 et 300 DA, tandis que la pêche est à 150 DA. Les cerises ne descendent pas sous la barre des 600 DA, même à Laâqiba et Bachdjarah, marchés réputés pour leurs prix raisonnables. Le kilogramme de bananes est fixé à 150 DA et les pommes à 180 DA. Cette flambée est, à en croire certains commerçants, «tributaire de l'équation offre-demande». En clair, plus le produit est demandé sur le marché, plus son prix augmente, explique-t-on. Le deuxième maillon, le marché de gros. «Les prix au marché de gros n'ont connu aucune hausse depuis le début du mois sacré, contrairement à ceux affichés dans les différents marchés de détail». Une déclaration de Mounir Ayad, directeur général du marché de gros des Eucalyptus, qui dessert la capitale et ses environs. Ce dernier nous affirme également «qu'aucune hausse des prix des fruits et légumes n'a été opérée depuis plusieurs mois. Les prix n'ont pas bougé et les produits sont disponibles en quantité et en qualité», insiste le même responsable qui se dit étonné des échos qui lui parviennent et qui font état de la flambée des prix. Dans l'optique d'atténuer la surenchère qui s'empare de certains produits, l'Ugcaa a multiplié ses appels aux commerçants d'avoir «pitié» du consommateur, en vain. Ainsi, ce dernier est, en pareille circonstance le pigeon idéal qu'on peut plumer à loisir. Il peut juste suivre le manège des commerçants en gros ou au détail qui se rejettent la balle ou s'en lavent les mains à la Ponce Pilate.