Constat - Les femmes ne sont toujours pas considérées comme chefs de famille même lorsqu'elles ont plusieurs personnes à charge. Sauf exception, elles sont de facto proscrites par la commission chargée d'étudier les dossiers des candidats au logement social. Leur statut de célibataire devient, de surcroît, un frein limitant les opportunités d'accéder à ce droit pourtant garanti par la Constitution. Et si certaines arrivent par miracle à figurer sur la liste des bénéficiaires, elles sont sujettes à des pressions fréquentes. Une tension qui se manifeste souvent par une violence verbale de la part de la gent masculine du voisinage. L'Algérie compte plus de 11 millions de femmes célibataires. Et contrairement aux idées reçues, trouver un mari n'est plus leur premier souci. Elles ont, pour la plupart, les moyens financiers de subvenir à leurs besoins. Avoir un toit pour cette catégorie est devenu une nécessité bien que contestée par certains misogynes. La société a beaucoup changé emportant sur son passage la famille élargie qui s'est convertie en famille nucléaire depuis plus d'une vingtaine d'années. L'autonomie recherchée par la nouvelle génération appelle les femmes à travailler pour subsister. Mais aussi à vivre seules, car pour trouver un travail il faut quitter son village, sa ville natale et parfois même son pays. Le phénomène est très visible dans les grandes villes, où des jeunes filles vivent en colocation. «Louer un appartement à plusieurs revient moins cher pour chacune d'entre nous. Etre ensemble nous permet également de nous sentir en sécurité et de faire taire les mauvaises langues», témoigne Karima journaliste dans un quotidien national. Karima 41 ans, célibataire, partage un deux-pièces avec deux jeunes étudiantes venues toutes les deux du même village. Mais ce que la jeune femme omet de dire, c'est qu'il est plus facile de vivre en colocation dans une ville qu'en milieu rural où tout le monde se connaît. Il ne faut pas non plus se voiler la face, plus une femme est seule, sans soutien familial et autres (amis, connaissances), plus les risques d'exploitation et d'agression sexuelle sont grands. Dans son rapport de 2011, le Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (CIDDEF) avait parlé de cette nouvelle forme de cohabitation entre les célibataires originaires de l'intérieur du pays qui se mettent à trois, voire à quatre, pour louer un appartement dans une grande ville. Le CIDDEF avait, dans ce cadre, mis en relief les facteurs socioéconomiques qui poussent la plupart des jeunes filles à faire le choix entre continuer à vivre chez leurs parents ou se mettre à plusieurs dans un appartement.