Challenge Les contes kabyles peuvent-ils devenir dessins animés ? Mohand Oucherif, un Algérien de 48 ans, installé depuis une quinzaine d?années en Allemagne, s?attelle à relever le défi avec son entreprise Amazighmultimedia. «J?ai fait un dessin animé ainsi que cinq courts métrages pour éviter à nos enfants le risque de l?acculturation. Je voulais apporter ma touche pour contrer le venin de Disney et autres boîtes japonaises qui représentent des sociétés totalement différentes de la nôtre», explique M. Oucherif, pionnier par excellence dans le dessin animé version kabyle. «Notre but est de faire voyager les enfants dans l?imaginaire en langue berbère tout en leur enseignant les coutumes et la morale», renchérit-il. Mais sa tâche s?est avérée difficile : car dessiner les contes de Djurdjura nécessitait des supports technologiques modernes et de gros moyens financiers. Oucherif ne se laisse pourtant pas décourager. «Pour une petite séquence (mouvements), il a fallu 25 dessins. Pour un film de 13 minutes, nous avons fait plus de huit mille dessins qu'il a fallu scanner, retravailler, colorer, monter et sonoriser avant le montage final», explique-t-il. Au bout, il réussit une belle ?uvre : Le chacal et le chien, Une histoire dont l?essence est l?importance de la liberté et la relation soumission/liberté, le tout sur fond de séquences satiriques et drôles ? le chien faisant subir les pires misères au chacal. Ce film incite à une réflexion, qui pourrait prendre la forme d'un débat familial, sur le sens de la liberté. Il y a de la fluidité dans le mouvement, de la cohérence dans la narration et de la symbiose entre l'image et le son. Le concepteur a mobilisé des ordinateurs performants (Dual processor, SCSII U2W...) et des programmes professionnels nécessaires au traitement d'images et du son et à la production. Notre artiste cible par ses productions un public bien défini : les enfants kabyles résidant à l?étranger auxquels Oucherif veut éviter la culture de l?oubli.