Spirale - L'arrestation de Mohamed Badie, un des derniers dirigeants de la confrérie, risque d'attiser la colère des islamistes et de plonger un peu plus le pays dans un nouveau cycle de violence. Ces derniers jours, la spirale de la violence s'est accélérée avec 25 policiers et 37 détenus islamistes tués en moins de 24 heures dans le pays. Depuis six jours, et malgré le tollé déclenché dans la communauté internationale qui dénonce un «carnage», le pouvoir mis en place par l'armée a ordonné la dispersion systématique --et dans le sang-- de toute manifestation des pro-Morsi. Les heurts avec les forces de l'ordre ont fait au total près de 900 morts depuis l'assaut de la place Rabaa mercredi dernier, tués par balles dans la majorité des cas. Il y a quatre jours seulement , le pouvoir a donné l'autorisation aux soldats et policiers d'ouvrir le feu sur les manifestants s'en prenant aux biens publics et aux forces de sécurité. Le chef de l'armée et nouvel homme fort de l'Egypte, le général Abdel Fatah al-Sissi, a martelé avant-hier ,dimanche, dans un discours , que son pays ne «pliera pas» devant les «terroristes», ainsi que le pouvoir et les médias qualifient les Frères musulmans. Dans ce climat tendu , plus d'un millier de manifestants pro-Morsi ont également été arrêtés, dont les cadres les plus importants des Frères musulmans. Ceux-ci seront jugés à partir du 25 de ce mois. Le propre fils de Mohamed Badie, le guide suprême des Frères musulmans , a lui-même été tué par balles durant une de leurs manifestations «contre le coup d'Etat» vendredi dernier au Caire. Hier matin, dans la péninsule désertique du Sinaï, base arrière de nombreux groupes islamistes armés, des assaillants ont attaqué à la roquette deux minibus de la police, tuant au moins 25 policiers qui se rendaient à Rafah. Cette attaque des plus meurtrières visant les forces de l'ordre depuis des années, porte à 102 le nombre de policiers tués en cinq jours. La veille , dimanche, au soir, dans des circonstances encore troubles, 37 détenus issus de la confrérie de M. Morsi, les Frères musulmans, ont péri asphyxiés dans un fourgon qui les transportait vers une prison du Caire. La police a évoqué une tentative d'évasion ; le camp de M. Morsi a dénoncé un «assassinat». Dans le pays, les médias unanimes et une grande partie de la population qui considèrent désormais les Frères musulmans comme des «terroristes», soutiennent la méthode forte de l'armée. Les pays de l'Union européenne, qui se sont dits prêts à «réexaminer» leurs relations avec Le Caire, tiennent une réunion ministérielle mercredi sur le sujet. Les Etats-Unis ont lancé un appel à la réconciliation et dit continuer à examiner l'aide qu'ils fournissent à l'Egypte --1,5 milliards de dollars annuels, dont 1,3 pour la seule armée--, tout en reconnaissant que leur capacité d'influence y était «limitée». Le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud al-Fayçal, a assuré de son côté que les pays arabes étaient prêts à compenser toute baisse de l'aide occidentale à l'Egypte.