La troupe de l'association Mustapha-Kateb a présenté hier soir, mercredi, au 46e Festival national du théâtre amateur de Mostaganem (Fnta) la pièce ‘'Etmaâ ikhasser itbaâ''. Sur le thème de la tentation, cette comédie – en compétition pour le premier prix – a su allier profondeur du message et sobriété de la mise en scène. Ecrite et réalisée par Laoufi Djilali, cette pièce en arabe dialectal met en scène le conflit intérieur de «Al-âfani» (Ramadan Hocine), un réparateur de barques poussé par la misère à devenir le complice d'un passeur d'émigrés clandestins, et qui sera sauvé de l'arrestation par des amis pêcheurs (Bentabet Mustapha, Abid El Ouari et Boudi Abdelaziz) tout aussi pauvres et malheureux que lui. Sur une scène transformée en port de pêche, Laoufi Djilali brosse les portraits émouvants et drôles de personnages malmenés par les aléas du destin (perte d'une épouse, famille nombreuse à nourrir, fils immigré...) et qui trouvent refuge dans la dérision, l'alcool et la solidarité. Cette réalité sociale des gens de la mer auxquels l'auteur rend hommage, est décrite grâce à une mise en scène simple, contrastant avec le jeu rythmé des comédiens qui ont su exploiter un texte souvent proverbial et subtil. Le metteur en scène a, en outre, choisi d'accentuer la tension dramatique en s'inspirant de techniques cinématographiques comme l'utilisation de la musique lors de moments clés de la pièce ou encore par d'autres procédés tels que la répétition en voix-off de certaines répliques, censées éclairer le dilemme moral du héros. Les comédiens, pour certains formés depuis leur plus jeune âge par l'association, ont, quant à eux, déployé une large palette d'émotions, comme la tristesse ou la colère, lorsqu'ils s'adressaient directement au spectateur pour évoquer les malheurs des personnages qu'ils incarnent, une maîtrise qui a suscité des applaudissements dans le public à de nombreux moments de la représentation.