Figure n Le chanteur et choriste du groupe musical Imzad, Kaola Boubekeur n'est plus. Kaola Boubekeur nous a quittés jeudi dernier. Ce qui est étonnant, voire regrettable, c'est que sa disparition est passée inaperçue notamment dans les médias algériens. Celui qui a tant donné à la musique algérienne et a contribué en conséquence à la sauvegarde de l'Imzad, ce patrimoine immatériel qui renvoie à la culture touareg nous a quittés dans l'anonymat. L'annonce de la disparition de Kaola Boubekeur à l'âge de 28 ans a été faite via les réseaux sociaux. Ce sont ses proches et fans qui y ont relayé l'information. Kaola Boubekeur fait partie d'une formation musicale dont l'objectif consiste à faire revivre l'Imzad, lui conférer aussi bien une renommée nationale qu'une portée internationale. C'est aussi pour affirmer une fois encore que l'Imzad est aux Touaregs ce que l'âme est au corps, c'est-à-dire quelque chose d'indissociable, c'est comme le recto et verso d'une feuille. L'Imzad est en chacun, et chacun s'en nourrit. C'est l'authenticité, l'identité, voire l'ancestralité. Ce groupe qui est bien plus qu'une formation musicale, puisqu'il s'assigne comme principale mission et ce, à travers ses différentes performances d'entretenir cette musique, qu'est l'Imzad, un héritage à cultiver et à fructifier, tient, à chacune de ses prestations où il fait bonne impression auprès du public, à offrir un spectacle unique, alliant les chants traditionnels aux sonorités modernes, jazz et blues, mais sans pour autant altérer l'essence même, voire l'ancestralité de l'Imzad. Le public qualifie la musique du groupe de féerie. Féerie, parce que le jeu lie la légende entre la tradition et la modernité. Sa musique les chants que le groupe interprète envoûtent et résonnent en un magnifique blues du désert. Cela dit, le travail mené par le groupe relève purement d'une création de haute valeur artistique et culturelle. Avec ce groupe, l'on va en effet à la découverte de l'Imzad qui, spécifique à la région du Hoggar et du Tassili, est un savoir culturel ancestral. Les membres du groupe Imzad se sont rencontrés dans le cadre de l'association «Sauver l'Imzad», agréée officiellement en 2003. Cette association s'est fixée comme but de préserver de l'oubli et de valoriser le patrimoine immatériel targui à travers l'usage de l'Imzad, instrument de musique traditionnel, de forme semi-circulaire et monocorde, spécifique à plusieurs régions du sud du pays comme le Hoggar, Tamanrasset et Djanet, mais aussi de toute la culture et la poésie qu'il symbolise. L'origine de l'Imzad reste incertaine. Toutefois, sa maîtrise ainsi que sa fabrication faisaient traditionnellement partie des connaissances que les jeunes filles bien nées se devaient de connaître. Le travail acharné de l'association a permis de transmettre ce patrimoine à 60 jeunes artistes, alors qu'il ne restait plus que 7 maîtresses d'Imzad encore en activité. Et c'est avec l'objectif de promouvoir ce patrimoine immatériel targui, mais également de le faire revivre en y intégrant de nouvelles sonorités plus modernes, comme la guitare sèche ou électrique, que le groupe Imzad fut constitué. Réunissant dix artistes femmes et hommes, dont le chanteur et choriste Kaola Boubekeur, le groupe a donné de nombreuses représentations à travers le territoire national. De Mostaganem à Annaba, le public a, à chaque fois, apprécié leur style et leur enthousiasme. Artistes de très grande qualité, leur travail a donné en mai 2013 à l'album «Ould n'Ahaggar», qui signifie «cœur du Hoggar» Y. I.