Carences n La qualité et le niveau de l'enseignement, le contenu des programmes pédagogiques, le rythme scolaire, la surcharge des classes sont autant de points noirs qui pénalisent encore l'école algérienne. Lors d'un débat sur le développement du système éducatif, organisé hier à Alger en présence du secrétaire d'Etat chargé de la Prospective des statistiques, un groupe d'experts nationaux et enseignants ont mis en relief les principales carences des politiques adoptées dans les trois paliers du système éducatif. «La solution n'est pas dans l'allègement des programmes ! Le cerveau de l'élève peut contenir des tas de connaissances ! Il faut plutôt orienter la réflexion vers le rythme scolaire pouvant améliorer la qualité de l'enseignement», a recommandé un enseignant. La qualité de la formation pose problème : «Comment explique-t-on qu'un élève ne sache ni lire ni écrire après deux ans de scolarité ?» s'interroge le même enseignant. Selon Abdelkader Foudil, enseignant à l'université d'Alger, il faut consacrer un budget colossal pour le développement de la recherche scientifique et le livre scolaire, qui demeure «traditionnel» et qui comporte des textes «utopiques», alors que les élèves ont besoin de cours pouvant faire évoluer leurs pensées. Le professeur de Chimie et de didactique de l'université de Kouba, Mohamed Tayeb Sadani, a fait ce constat : «La plupart des étudiants universitaires ne maitrise ni l'arabe ni le français et cela en dehors de règles linguistiques et grammaticales.» L'avènement technologique, le fait de favoriser l'oral sur l'écrit en sont les principales causes. Pour sa part, Ali Taouinet, enseignant en psychologie à l'université d'Alger II Bouzareah, a relevé le problème des lacunes dans les livres scolaires. «Il n' y a pas une homogénéité dans les programmes pédagogiques dans le primaire et dans le moyen.» Les contenus des manuels scolaires n'intéressent pas l'élève, ne changent pas son comportement éducatif et ne permettent pas son évolution intellectuelle. Invité à donner son point de vue sur la réforme, il dira qu'elle «doit répondre aux objectifs tracés. L'actuelle réforme est interne alors qu'il faut aller au fond des choses». L'enseignant en psychologie à l'université de Sétif II, Khaled Abdeslam, a suggéré la mise en place d'une stratégie communicative, voire des débats et des émissions spécialisées pour sensibiliser la société sur l'importance du développement éducatif de leurs enfants. M. Abdeslam opte enfin pour le recensement des études universitaires sur le système éducatif pouvant servir comme base de données pour le ministère de tutelle afin d'améliorer les performances. Samia Lounes