Chantage n Pour barrer la route à l'héritage à la future belle mère et à d'éventuels futurs frères et sœurs, les enfants exigent du père qui manifeste le désir de se remarier de le sceller par la «fatiha» seulement. La relation «parents-enfants» telle qu'elle existait jadis semble avoir pris un autre chemin aujourd'hui. En effet, de nos jours, les enfants s'immiscent, sans retenue, dans les affaires de leurs parents. Parfois, ils vont jusqu'à exiger d'eux l'impensable. Le lien sacré qui liait, à l'époque de nos parents, les enfants à leurs ascendants s'est réduit, aujourd'hui, à une simple relation mercantile où l'amour et la moralité sont inscrits au registre des absents. Tous les parents se plaignent de l'avidité affichée par leurs enfants. Même pour ce qui concerne le remariage, cette «union sacrée», pour les pères qui ont le malheur d'avoir perdu leur première épouse, les enfants s'en mêlent et dictent leurs conditions. En effet, poussés par leurs visées machiavéliques et purement matérialistes, ils conditionnent toute union de leur paternel avec une autre femme à un mariage, uniquement, par la «fatiha» sans l'établissement d'un acte de mariage et ce pour que la nouvelle épouse n'ait aucun droit à un quelconque héritage. Le mariage à la «fatiha» est devenu un moyen de fuir tous les devoirs maritaux, une façon bien rusée pour priver l'épouse de tous ses droits civiques. Cette façon de procéder est devenue une voie facile et apaisante pour un nombre incalculable de veufs qui désirent convoler en secondes noces afin de s'éviter les mauvaises surprises qui peuvent émaner des membres de la famille, en général et des enfants qui n'admettent pas l'intrusion d'une «étrangère» pour remplacer la mère, en particulier. Après avoir accepté de lier sa vie à son défunt époux, juste par la «fatiha», Khadoudja Z., une veuve âgée de 52 ans, se retrouve «une main devant et l'autre derrière» pour reprendre son expression. «Je ne peux même pas prétendre à la pension de réversion, ni même à un pécule pour nourrir mes deux enfants issus du dernier lit», nous dit-elle. Par ailleurs et selon nos investigations, il s'avère que d'innombrables hommes préfèrent se marier avec une seconde femme juste par la «fatiha», sans laisser le moindre choix à cette épouse de réclamer ses droits en cas de litige. Cette pratique est devenue un véritable phénomène de société. Plusieurs hommes interrogés à ce sujet, trouvent logique ce procédé, à l'exemple de Halim 58 ans qui a perdu son épouse avec qui il a eu trois enfants, le plus jeune âgé de 20 ans. Ce dernier après avoir fait le deuil de sa femme, a décidé de se remarier, mais c'était sans compter avec l'opposition de ses enfants ! Ces derniers avaient catégoriquement rejeté l'idée. Et il aura fallu l'intervention de plusieurs membres de la famille pour qu'ils acceptent, à une condition cependant, celle d'un mariage civil «par la fatiha» pour qu'elle ne puisse avoir droit à aucun héritage. Donc, il ne restait pour le père aucun autre choix que de chercher une épouse qui accepte cette mesure draconienne. Djillali, 60 ans, père de 5 filles et de trois garçons, rejette de facto le mariage civil, car il ne souhaite nullement voir, après sa mort, naître un conflit entre son épouse et ses enfants tout en rejetant l'idée préconçue de vouloir estropier la femme de ses droits civiques. Rabah Khazini