Crime n Après trois ans de vie commune, scellée par la «fatiha», un puissant responsable «jette» sa femme dans la rue. La situation de Leila, 38 ans, n'est pas différente de celles de beaucoup d'autres femmes qui ont accepté de lier leur vie à un homme sans que cette union ne soit officialisée devant l'officier de l'état civil. Leila est venue de l'Est du pays en quête d'une vie meilleure que celle qu'elle menait dans sa région natale. Elle accepte la demande en mariage d'un homme, beaucoup plus âgé qu'elle. «Il m'a proposé, en contrepartie d'un gite qu'il devrait m'assurer, une union par la «fatiha» avec la bénédiction de deux témoins, amis où membres de sa famille, sans toutefois que notre mariage soit officiellement établi devant un maire ou un juge. Et je n'ai pas dit non. Entre vivre dans la rue ou au sein d'une famille, le choix se fait de lui même», nous dit-elle. Ce qui a aussi mis en confiance notre interlocutrice, c'est le fait que «son» homme lui a déclaré vouloir la prendre comme seconde épouse, parce que sa «première femme est tombée malade après une longue période de vie commune». L'époux est un homme de loi qui connait pertinemment les conséquences d'une union non officialisé par un acte administratif. Quant à Leila qui a fait confiance à cet homme du fait que celui-ci connaissait bien la réglementation, elle a simplement accepté en espérant que leur union soit légalisée après le mariage. Mais la réalité a été toute autre. «L'homme de loi», tel un bourreau, après une union qui aura duré trois ans, l'a chassée de chez lui pour qu'elle se retrouve sans protection aucune du fait qu'aucun acte officiel ne la liait à cet homme. L'histoire de cette victime n'est que la partie visible de l'iceberg. «Beaucoup d'hommes ne cherchent que l'éphémère plaisir, sans respecter la moindre morale, ni la vraie notion du mariage», conclut-elle. Dans les salles d'audience des tribunaux de la capitale où nous avons effectué une tournée, d'innombrables histoires similaires à celle de Leila nous ont été rapportées par les victimes de ce stratagème du mariage sans aucune transcription officielle. Nous avons rencontré des femmes qui ont affaire à des hommes de lois qui usent de leur statut dans la société pour berner des innocentes «agissant sous la bannière du mariage par la ‘fatiha'», nous confirme une avocate au niveau du tribunal d'El-Harrach. R. K.