Leçon - Mounia, une institutrice de 28 ans, dans une école primaire à Alger, finit de consigner les noms des élèves absents sur son petit calepin puis se lève de son pupitre. Elle fait quelques pas sur l'estrade, les yeux baissés comme si elle faisait très attention aux endroits où elle devait poser ses pieds puis se tourne lentement vers ses élèves, les regarde un bon moment, leur sourit et leur dit : «Aujourd'hui, nous allons parler d'une personne que vous aimez tous. Une personne qui vous aime aussi. Quand vous êtes malades, elle souffre avec vous. Quand vous êtes heureux, elle rayonne. Quand vous êtes tristes, elle l'est aussi et s'efforce de vous rendre le sourire. Sa part de nourriture, elle peut vous la donner sans problème parce qu'elle est rassasiée quand elle vous voit manger avec appétit.» Elle s'arrête au milieu de l'estrade, pose son index sur la partie droite de son menton et demande à ses élèves s'ils voyaient de qui elle voulait parler. Ils lui répondent en chœur : «La maman ! La maman !» Visiblement très satisfaite d'avoir réussi à faire trouver à ses bambins le sujet de la leçon de ce jour-là, Mounia demande ensuite s'il y en a parmi eux qui veulent parler de leur maman mais en évoquant surtout une marque d'amour exceptionnelle. Une dizaine de doigts se lève. Deux petites filles et un garçonnet parlent du grand amour dont leur mère avait toujours fait montre à leur égard. Comme ce qu'ils avaient dit était banal, l'institutrice décide de s'adresser aux nombreux élèves qui n'avaient pas levé le doigt, pensant, peut-être que ceux qui avaient des choses à dire étaient précisément ceux qui ne voulaient pas parler. Elle pointe sa règle vers une petite brune aux courtes tresses. — Besma ! — Présente, madame ! répond la petite en sursautant. — Toute la classe éclate de rire et la petite écolière rougit. (A suivre...)