Si Muhend u M'hend, le film du duo Yazid Khodja-Rachid Benallal, consacré au poète kabyle du XIXe siècle, sera présenté en avant-première à l'ouverture du 5e Festival du film amazigh, prévu à Annaba du 17 au 21 juin courant. Financé dans le cadre de «Djazaïr, une Année de l'Algérie en France», ce film retrace la vie tumultueuse de l'une des figures les plus marquantes de la poésie kabyle dont l'?uvre est transmise de génération en génération et a été sauvée de l'oubli par Saïd Boulifa, Mouloud Feraoun et Mouloud Mammeri. Ces auteurs ont consacré des recueils aux Isefra (poèmes) de Si Muhend u M'hend. Ayant vécu durant la seconde moitié du XIXe siècle, Si Muhend u M'hend subira les affres du colonialisme. Son village, Ichariwen, sera entièrement rasé en 1857 pour permettre la construction de la citadelle de Fort National (aujourd'hui Larbaâ Nath Irathen) et ses habitants dispersés. Une légende rapporte qu'un ange est apparu, un jour, devant le jeune Muhend. Il lui demande de choisir entre parler ou faire des vers. Le futur poète choisira de versifier. C?est ainsi qu'est né un des plus grands poètes d'expression amazighe. Plus qu'un aède, Si Muhend u M'hend, à travers ses voyages à pied, a été un observateur, un chroniqueur et un témoin de la situation vécue par sa société sous l'emprise coloniale. Errant de ville en ville, le poète chantera, également, les plaisirs charnels, les amours éphémères, les trahisons, la misère, l'ordre établi, les exactions et les mille et une souffrances de son peuple. Ses pérégrinations auront duré trente ans. Gravement malade, Si Muhend u M'hend rendra son dernier souffle à Aïn El-Hammam, en 1906. Une foule nombreuse assistera à son enterrement au sanctuaire de Sidi Saïd Outaleb. Le poète n'avait que 46 ans, selon certaines sources. Il est devenu une légende.