Bilan Le rideau est tombé sur le festival du cinéma et les enseignements sont nombreux. La capitale des Hammadites a entamé la saison estivale par un festival de cinéma. Les deuxièmes rencontres cinématographiques ont permis à un large public de voir plusieurs films et d?engager un débat avec de jeunes réalisateurs. Malgré les innombrables embûches auxquelles les membres des associations organisatrices (Kaïna Cinéma et Project?heurts) étaient confrontés et le peu de moyens dont ils disposaient pour mettre sur pied ces rencontres cinématographiques, ils ont pu honorer la ville de Yemma Gouraya. «La planète est belle. Vive le cinéma !» : c?est sous ce slogan que le coup d?envoi a été donné au niveau de la Cinémathèque de Béjaïa. Au bas de l?ex-place Gueydon et face à la mer, pendant une semaine, réalisateurs, cinéphiles, cinéastes et personnalités culturelles se sont retrouvés pour voir et analyser les films. Cette manifestation a vu la participation de cinéastes algériens et français ayant réalisé des films qui traitent de l?Algérie. La majorité des films sélectionnés n?avait pas été projetée auparavant à Béjaïa. Les deuxièmes rencontres cinématographiques ont vu la programmation de projections suivies de débats, d?un séminaire «Education à l?image», d?un atelier de formation «Animation de ciné-clubs et organisation d?événements cinématographiques» et d?un état des lieux de la production cinématographique en Algérie. Parmi les fictions et documentaires projetés, certains ont laissé une forte impression chez le public béjaoui. On peut citer Chantz, l?enfant-jazz de Mohamed Kounda. Ce dernier a suivi durant trois années le parcours de Chantz, un enfant prodige qui veut réussir dans la musique. On peut dire qu?il a déjà réussi puisqu?après ce documentaire, l?enfant de 14 ans a signé un contrat de plusieurs millions de dollars avec Sony Universal. «J?ai le sentiment d?avoir fabriqué une légende. Plus fort que le cinéma, il y a la vie» nous dira Mohamed Kounda. Bania Medjbar a présenté une fiction, Quand le vent tisse les fleurs, ou comment se nouent les liens entre Mouss, un homme qui a égaré son passé, Lolli qui attend des papiers et rêve d?un avenir plus certain et Malvina, l?enfant qui bouleverse les habitudes du couple. «Le cinéma, c?est ma passion. Je l?ai appris en regardant des films», nous confia Bania. Ce film a déjà été primé en France (prix d?interprétation à Cabourg et prix du public à Contis). Le moment le plus émouvant de ces journées fut incontestablement la projection du documentaire Un Rêve algérien de Jean-Pierre Lledo. Cette ?uvre montre le célèbre journaliste, écrivain et militant Henri Alleg, de retour en Algérie en 2002. Jean-Pierre Lledo a filmé Henri, ses amis, ses anciens compagnons, l?aventure d?Alger-Républicain... Serge, le fils d?Henri Alleg, dira à la fin de la projection : «Le rêve algérien est encore possible car l?espoir demeure.» Pour le monde entier, Henri Alleg, c?est La Question, première dénonciation de la torture par quelqu?un qui l?a subie. Le séminaire «Education à l?image» a été une rencontre entre professionnels algériens et français pour réfléchir à la façon de mettre en place des formations de formateurs en matière d?éducation à l?image pour introduire cette matière dans les écoles, collèges et lycées. L?atelier de formation «Animation de ciné-clubs et organisation d?événements cinématographiques» destiné à une trentaine de stagiaires en provenance de plusieurs villes d?Algérie, a permis de sensibiliser des animateurs de lieux culturels. Un stage collectif de formation sera organisé en France en 2005. Les rencontres cinématographiques de Béjaïa ont été une véritable bouffée d?oxygène. Un grand bravo à ses initiateurs Habiba Djahnine et Abdenour Houchiche. Ils rêvent d?un grand festival de cinéma à Béjaïa, si les pouvoirs publics y mettent les moyens.