Ce qui était, hier, une hésitante initiative de jeunes amoureux du cinéma est, aujourd'hui, une incontestable manifestation cinématographique d'envergure nationale et méditerranéenne. Les rencontres cinématographiques de Béjaïa, qui arrivent cette année à leur quatrième édition, sont sans nul doute les seules à perpétuer une tradition disparue de notre paysage culturel national. Ainsi, la ville de Béjaïa sera, du 28 mai au 2 juin 2006, La Mecque du septième art, à la faveur de la quatrième édition des Rencontres cinématographiques initiées par l'association Project'heurts et Kaina Cinéma. Sous le thème “Le cinéma aide à construire un patrimoine commun : une mémoire”, les rencontres aborderont la sensible thématique qu'est le rapport du septième art avec la mémoire et le rôle du cinéma pour l'érection d'une mémoire collective. “Le thème de la mémoire a traversé les débats des rencontres cinématographiques de Béjaïa depuis la première édition. D'un côté, parce que certains films choisis à la programmation abordent ce sujet de façon directe, de l'autre, par nos tentatives de créer un espace commun de débats, d'échanges et de formation qui se soucie de la question de la transmission”, expliquent les organisateurs. Un espace que ces derniers souhaitent commun entre les participants des différentes villes algériennes, mais aussi avec les invités qui viendront cette année de France, de Tunisie, du Liban et d'autres pays. “Il nous semble qu'aujourd'hui plus qu'hier, le besoin devient pressant de créer des espaces communs, des mémoires que nous pouvons mettre en commun pour participer à construire du sens pour demain. C'est pour cela que le choix est fait pour la quatrième édition de regarder, d'examiner, de réfléchir en quoi les œuvres que les réalisateurs nous donnent à voir participent à créer une mémoire et à nous éloigner de l'amnésie.” La capitale des Hammadites, qui accueille pour la quatrième année consécutive les rencontres cinématographiques, aspire ainsi à créer une réelle tradition, mais aussi à relancer l'activité cinématographique en Algérie après une longue hibernation. Et il faut dire que l'hirondelle, que sont ces rencontres, fera le printemps de la vie culturelle de la ville et du cinéma dans notre pays, au regard du programme riche concocté par les organisateurs. Car en plus des séances de projection ouvertes au large public et qu'abritera la Cinémathèque de Béjaïa, des séances-débats en présence des réalisateurs et des projections en plein air, les rencontres se veulent un réel espace d'échange entre les professionnels du cinéma. À cet effet, des rencontres, qui s'inscrivent dans la continuité des précédentes éditions, regrouperont des producteurs, distributeurs, réalisateurs et professionnels du cinéma (directeurs de festivals, formateurs…) des deux rives de la Méditerranée. Pour ce qui est du volet formation, un des principaux objectifs des rencontres et qui tente de pallier l'absence d'écoles, trois stages sont proposés aux jeunes intéressés. “De l'idée à l'image”, stage de cinq jours destiné aux animateurs de cinéclubs et de lieux de diffusion de la culture. L'objectif est de donner le goût et les outils pour faire découvrir au public un cinéma de qualité privilégiant la diversité culturelle et artistique. Il s'agit de se forger un regard critique sur le cinéma, en s'appropriant les codes du langage cinématographique et les bases techniques de la narration et contribuer à former les spectateurs de demain. Stage de “réalisation” d'un film vidéo court. Les stagiaires apprendront sur un plateau de tournage à réaliser une séquence de film. Stage pour “les enseignants du secondaire”. L'objectif est de sensibiliser les participants à l'utilisation d'une œuvre cinématographique dans une démarche pédagogique. Et pour cette nouvelle édition, les rencontres se déplaceront dans les villages afin d'initier et de sensibiliser les habitants des régions éloignées à l'image. W. L.