InfoSoir : Que représente Novembre 1954 pour un historien ? Daho Djerbal : le mouvement nationaliste a commencé dans les années 20. La Révolution de Novembre 54 est déjà une rupture avec cette vision qui privilégiait la lutte politique. C'est aussi une rupture avec le MTLD et sa discipline. Les derniers soulèvements populaires ont eu lieu à la fin du XIXe siècle et depuis rien jusqu'à Novembre 1954. C'est une rupture aussi avec les formes de luttes populaires, en 54 c'est un peuple uni qui s'est soulevé. Que représente Novembre 54 dans l'histoire universelle ? Je dirai que c'est la reprise de la lutte armée pour le recouvrement de l'indépendance. Depuis les soulèvements populaires au XIXe siècle en Algérie et la guerre d'Abd El-krim dans le Rif marocain, il n'y avait pas de lutte armée contre l'occupant dans la région. Il y a eu aussi sur le plan international, la guerre du Vietnam. Mais toujours est-il que la Révolution algérienne a ouvert une autre page en ce qui concerne les guerres d'indépendance. Que pensez-vous de la manière dont est enseignée l'histoire en Algérie ? Nous sommes passés du Front de libération nationale (FLN) à un parti politique unique sur la scène nationale au début de l'indépendance. L'écriture de l'histoire s'est faite selon les tendances qui ont dirigé le parti unique. Pouvez- vous citer des faits que l'histoire a occultés ? Des militants messalistes avaient commis des actions militaires contre l'occupant et ont été ensuite condamnés à morts et exécutés à la prison de Serkadji. Au début, leurs noms ne figuraient sur la stèle érigée à l'entrée de la prison. Il a fallu attendre 1984 pour voir cette faute corrigée. Que faut-il faire à votre avis ? Tant que le système n'a pas changé ; ce sera toujours la même chose. Certaines choses demeureront impossibles à dire. C'est le cas de Messali Hadj dans le musée des personnalités algériennes.