Tizi Ouzou Dimanche 30 mai 2004. Le tribunal criminel près la cour de cette ville traite une affaire complexe liée au meurtre «odieux» d?un homme qui a beaucoup souffert avant de rendre l?âme. La foule est venue nombreuse assister à ce procès bouleversant de par ses faits. Ils sont deux à comparaître : Yazid L. et Nouredine S. Dans le box des accusés, ils manifestent une grande impatience et on remarque tout de suite que la peur d?un lourd verdict est à l?origine de leur trouble. Peut-être se doutent-ils déjà que la cour ne fera preuve d?aucune clémence à leur égard. Grands, forts et hirsutes, les deux mis en cause répondent avec difficulté aux questions qu?on leur pose : «Farid A. n?était-il pas l?un de vos meilleurs amis ? ? Oui, monsieur le président? ? Pourquoi l?avez-vous assassiné ? ?Nous étions en conflit depuis quelque temps? ? Soyez plus explicites, voyons ! ? Un différend nous opposait? C?était à propos d?une histoire de billets de banque falsifiés. ? Pourquoi, Grand Dieu, lui avoir réservé une mort aussi atroce ? Yazid et Nouredine ne répondent pas. Ils manifestent une plus grande impatience et baissent les yeux, comme intimidés par l?assistance. La victime a eu, en effet, une mort des plus atroces. Les faits remontent au 18 octobre 2002. Dans l?un des villages de la commune de Boghni, quatre hommes, Yazid L., Nouredine S., Karim L. et Farid A., sont à bord d?un véhicule. Trois s?apprêtent à commettre un crime sur la personne de Farid A. qui ne se doute de rien. Tout arrive très vite, comme dans un cauchemar. Yazid, Nouredine et Karim s?en prennent à leur ami en lui assénant plusieurs coups de couteau sur différentes parties du corps. L?horreur ne s?arrête pas là. Ils transportent ensuite la malheureuse victime jusqu?au domicile de l?un des mis en cause et la pendent jusqu?à ce que mort s?ensuive? Avides d?atrocités et machiavéliques, les criminels brûlent ensuite le corps ensanglanté de Farid. Tout cela pour un absurde malentendu à propos de quelques billets de banque falsifiés? Le représentant du ministère public dresse un dur réquisitoire à l?encontre des deux accusés : «Aucun être humain ne mérite une mort aussi atroce. La cour ne doit faire preuve d?aucune clémence à l?égard des mis en cause.» Après de longues délibérations, la cour rend enfin son verdict : Yazid L. est condamné à la peine capitale, alors que son complice Nouredine S. écope d?une peine de 10 ans de prison ferme pour homicide volontaire avec préméditation. Karim L., quant à lui, est toujours en fuite.