Négociations - L'Iran et les grandes puissances ont scellé la nuit dernière un premier accord historique pour contenir le programme nucléaire iranien. Après d'âpres négociations, les grandes puissances et l'Iran ont annoncé être parvenus à un accord au terme duquel la république islamique acceptera de limiter son programme nucléaire en échange d'un allégement des sanctions économiques, ouvrant une nouvelle période de pourparlers sur le fond pendant six mois. «L'accord intérimaire est solide, il établit une gamme plus importante de contraintes et de vérifications sur le programme nucléaire iranien que ce qui avait été envisagé auparavant», assure Suzanne Maloney, spécialiste de l'Iran à l'institut Brookings de Washington. Mais Téhéran et les Etats-Unis ont aussitôt étalé leurs divergences sur la question de l'enrichissement. Au terme de cinq jours de négociations marathon à Genève, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a annoncé «un accord sur un plan d'action» concernant le programme nucléaire iranien controversé. Elle était entourée du ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et des six chefs de la diplomatie du groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni, France et Allemagne). Simultanément à Washington, lors d'une intervention solennelle depuis la Maison-Blanche, le président américain Barack Obama a assuré que cet accord obtenu à l'arraché «barre le chemin le plus évident» de la République islamique vers une bombe atomique. Le président Obama a toujours dit qu'il ferait tout — y compris recourir à la force — pour empêcher l'Iran de se doter d'armes nucléaires. Les Occidentaux et Israël soupçonnent Téhéran de dissimuler un volet militaire derrière son programme civil, ce qu'il nie. M. Obama a pris soin de qualifier cet accord intérimaire de six mois de «première étape importante», soulignant les «énormes difficultés» persistant dans ce dossier qui empoisonne la communauté internationale depuis une décennie. De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov s'est félicité ce dimanche de l'accord qui vient d'être conclu sur le nucléaire iranien. Il a estimé que cet accord ne faisait «pas de perdant». «Il n'y a pas de perdant, tout le monde gagne», a-t-il déclaré à l'issue des négociations auxquelles il a participé à Genève. L'accord, a-t-il expliqué, ouvre la voie à des inspections plus poussées du programme nucléaire iranien par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), renforce la confiance au Moyen-Orient et diminue les craintes d'une prolifération nucléaire. «Il sera maintenant très difficile de contourner les données rassemblées par l'AIEA. Nous sommes convaincus que l'Iran va coopérer de bonne foi avec l'agence», a-t-il déclaré aux journalistes russes. Dans les six mois à venir, les négociations vont fixer «les paramètres dont l'Iran a besoin pour une activité nucléaire pacifique, notamment pour produire de l'uranium pour ses centrales nucléaires, ses réacteurs de recherche et pour les réacteurs qui produisent des isotopes à usage médical ou humanitaire», a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie russe s'est également félicité de l'allégement des sanctions occidentales à l'encontre de l'Iran prévu par l'accord. «Nous ne reconnaissions pas ces sanctions unilatérales, donc il est correct de diminuer la pression sur l'Iran en éliminant ces sanctions unilatérales», a-t-il souligné. Il a félicité le nouveau président iranien Hassan Rohani pour sa volonté sérieuse d'arriver à un accord.