Projet - Le téléphérique entre Triolet, sur les hauteurs de Bab El-Oued, et le chef-lieu de la commune de Bouzaréah, à quelque 700 mètres d'altitude, serait réalisé à un peu plus de 70 %. Conçu pour apporter une solution adéquate et conforme à la topographie escarpée des quartiers de Montplaisant, Beau-Fraisier, Scaffino, Scotto Natal et Cité Mollines, le téléphérique Bab-El-Oued - Bouzaréah fait déjà jaser les habitants de ces lieux, réputés pour leurs jardins où trônent quelques mystérieux abricotiers andalous, des pruniers du Chelif ou des cerisiers centenaires de Miliana. «Ce projet devait être achevé au premier trimestre 2013. On ne comprend pas ce retard», s'interroge Nacer Z., dont la famille a «colonisé» la vallée de Beau-Fraisier dans les années 1920. «On attend avec une très grande impatience la réalisation de ce projet, qui va mettre fin à notre calvaire», ajoute-t-il. Les habitants de ces «hauteurs de Bab El-Oued», souvent isolés en hiver, et où les projets communaux se comptent sur les doigts d'une main, déplorent l'absence ou le peu de moyens de transports dans cette localité, à la fois si près et si loin d'Alger . «Ici, les moyens de transports ne sont pas suffisants, d'autant que la plupart des autobus ne montent pas jusqu'à Bouzaréah, ou desservent les nouvelles cités d'habitation construite à Djebel Koukou», rétorque Ahmed, qui habite seul la vieille maison familiale, ses frères ayant quitté le quartier pour absence «du minimum de confort en matière de services publics». Pourtant, beaucoup des quelque 10 000 habitants, entre «natifs» de ces quartiers ombragés et frais en été, dont la Cité Mollines, où avait vécu quelque temps le célèbre musicien Mohamed Iguerbouchène, estiment que le futur téléphérique sera la vraie solution au problème de transport entre Bab el-Oued et Bouzaréah. Le choix de la construction de téléphériques à Alger, dont l'enveloppe est de plus de 10 milliards de dinars, pour solutionner le problème de transport pour les habitants des quartiers de Bouzaréah et également de Z'ghara, sur les hauteurs de Notre-Dame-d'Afrique, répond à «une demande spécifique et une configuration topographique non moins particulière» de la capitale, indiquent des experts. Car Alger, avec ses anciens téléphériques de Laâqiba (Belouizdad) - El Madania, Les Annassers - Kouba, et celui de Bologhine (vers la basilique de NDA et vers Z'ghara), figure depuis plus de 40 ans dans le cercle restreint des grandes villes du monde qui ont réglé le problème de transport urbain en optant pour le câble. Djebel Koukou, qui tiendrait son nom, selon une légende, de sa dépendance du royaume de Koukou dans la lointaine Kabylie, aura, lui aussi, son téléphérique. Dans cette colline naguère verdoyante, qui domine les quartiers marins de Bab El-Oued, avec son cimetière (El Kettar) où sont enterrés Raïs et Dey de la Régence d'Alger, il n'y a plus ni perdrix, ni chardonnerets et encore moins de lièvres ou de châtaigniers. Une formidable explosion urbaine a gonflé, en une dizaine d'années, la population de ce lieu d'où peut être contemplée dans toute sa splendeur la baie d'Alger, jusque vers la pointe de «Matifou», ainsi désigné depuis des siècles par les habitants d'Alger. Fatalement, la demande sociale, particulièrement pour les transports, a explosé dans cette partie montagnarde de la capitale, toujours irriguée par les oueds, dont celui de Baranes. En attendant de voler entre Bab El-Oued et Djebel Koukou, en faisant du rase-mottes sur l'hospice du Chemin-des-Vieillards, le mausolée de Sidi M'hamed Ezzouak, ou la clinique pour insuffisants respiratoires de Beau-Fraisier, les habitants rêvent d'air frais et de moins de bousculades aux arrêts de bus du Triolet.