Coup de théâtre Au moment où le début de cet Euro-2004 allait tourner le dos aux favoris, le roi Zidane en décida autrement. En deux minutes, la victoire, qui se profilait côté anglais, changea de camp : 2-1 pour la France ! Après le premier match nul de l?Euro (0-0) entre la Croatie et la Suisse, joué dans l?après-midi au stade Magalhaes de Leiria, il fallait qu?un peu d?adrénaline monte dans le ciel portugais pour donner à ce rendez-vous, en ce jour d?élections européennes, un ton plus débridé. Cela n?a d?ailleurs pas tardé avec ce très attendu France-Angleterre qu?a abrité le somptueux stade de La Luz de Lisbonne. «C?est très bien de commencer avec un tel match, prédisait Zidane quelques jours seulement avant le coup d?envoi du tournoi. On va ainsi entrer tout de suite dans le vif du sujet. Commencer par le gros morceau, je préfère.» Et c?est ainsi qu?il sera servi comme un roi sur un plateau d?argent. Comme un rêve de gosse qui se réalise encore et encore. Ce soir-là, les Anglais du Suédois Sven-Göran Eriksson avaient bien étudié la manière de jouer des Français au point de leur tisser une toile dans laquelle est venu s?engluer le duo d?attaque Henry-Trezeguet bien appuyé par Zidane et Pires. Les Bleus de Santini attaquent dès l?entame de la rencontre, mais les coéquipiers de Beckham arc-boutés derrière, attendent leur proie pour la piquer. Sur leur première action (38?), un coup franc légèrement excentré sur la droite, comme les aime David Beckham, Lampard se voit offrir une balle qu?il mettra de la tête au fond des filets de Barthez. Les Français se rendront vite compte que leur tâche ne sera pas du tout aisée durant cet Euro. Le roi Zidane l?avait prédit. Le retour des vestiaires n?a pas changé les données : beaucoup de velléités offensives, côté français, et un double rideau côté anglais. Les longues passes faisaient la joie de Campbell et King en défense, alors que Gérard, Lampard et Scholes font les bûcherons au milieu. A vingt minutes de la fin, les Français laissent des espaces et à la suite d?une balle perdue par Thuram, le petit diable de Rooney (19 ans en octobre prochain), pique un sprint, mais le voilà descendu par Silvestre. Penalty dit M. Merk. Beckham s?avance et tire, mais son ex-coéquipier de Manchester intercepte ! C?est le tournant du match. Il restait alors une minute à jouer dans le temps réglementaire lorsque Wiltord est fauché à la limite des 18 m. Coup de théâtre. Le roi Zidane transforme le coup franc en but en or massif. Mieux encore, dans le temps additionnel, il en marque un second sur un penalty à la suite d?une autre faute, cette fois celle du gardien James sur Henry. La joie change de camp. Le roi en a décidé ainsi.