Départ - Nous sommes le 6 mars 1987, lorsque le car-ferry britannique assurant la liaison Douvres (ville côtière dans le sud-est de l'Angleterre) - Zeebrugges (localité située sur la côte belge), fait naufrage à un kilomètre du port belge avec 500 passagers à bord. C'est l'eau qui s'est engouffrée qui va faire chavirer le navire en quelques minutes. Près de 200 personnes vont périr dans ce qui reste du drame maritime britannique le plus important depuis le «Titanic». La Manche est le couloir de navigation le plus fréquenté au monde. Des dizaines de milliers de personnes l'empruntent chaque jour en ferry, pour ce qui semble une traversée de routine. Un jour pourtant, un ferry chavire à un peu plus d'un kilomètre de son port de départ : Zeebrugges. Ce dynamique port de la mer du Nord accueille chaque jour de nombreux ferrys en provenance de l'Angleterre et de l'Allemagne. Le 6 mars 1987 est une froide journée d'hiver. «Le Herald of Free Enterprise», un car-ferry de 8 000 tonnes, appartenant à la compagnie britannique Townsend Thoresen, arrive de Douvres. Il a déjà effectué des milliers de fois ce voyage de 4 heures et demie à travers la Manche. Le «Herald» a un horaire serré. Il doit effectuer quatre traversées par jour et entre chaque voyage, il faut faire débarquer voitures et passagers, nettoyer le bateau et procéder à l'embarquement pour la traversée suivante. Le tout en 90 minutes. Ce 6 mars, le «Herald» lutte contre la montre. A 16h, l'assistant du maître d'équipage, Marc Stanley, finit de laver le pont-garage avant le retour vers l'Angleterre. Cela fait cinq heures qu'il est de service. Mais il fera une pose d'une heure avant que le ferry ne reparte. Tandis que l'on s'active à bord du «Herald», les passagers profitent de leurs dernières heures à terre dans les boutiques et les restaurants du bord de mer. La plupart sont des touristes britanniques, comme Simon Hosborne, un restaurateur de 19 ans venu passer une journée en Belgique avec des amis. «On avait passé l'après-midi à nous promener. C'était vraiment une bonne journée entre copains», raconte-t-il. Il sera bientôt l'heure d'embarquer sur le «Herald», pour rentrer chez eux. A 16h 30, une fois le pont-garage levé, Marc Stanley regagne sa cabine pour prendre sa pose. Il ne devra retourner sur ce même pont que quelques instants avant l'appareillage, à 18h. Sur la passerelle, le commandant David Nerry, 10 ans d'expérience, supervise les dernières manœuvres. (A suivre...)