Résumé de la 1re partie En septembre 1945, un soldat, grièvement blessé à la tête, est soigné dans un hôpital de Prusse-Orientale puis envoyé dans un camp de prisonniers. Le visage de l?inconnu est devenu sérieux. Machinalement, il remonte les marches du métro sans cesser d?examiner le vieillard qui lui demande, d?une voix où tremble l?émotion : «Vous connaissez mon nom ? ? A vrai dire, je me souviens de Pudding. ? Je pense que c?est un sobriquet. ? Oui, bien sûr. ? Mais mon vrai nom ? ? Attendez?» Le gros homme essaie de se souvenir. Les gens passent à droite et à gauche, pressés. Les voitures et les bus, rasant les trottoirs, les éclaboussent, les lumières des lampadaires et des vitrines se reflètent sur la chaussée luisante. «Attendez?» Les sourcils froncés, les yeux plissés, le gros homme cherche toujours. Il a compris ce que cette rencontre fortuite représente pour le vieillard. «Ecoutez, je ne le jurerais pas, parce que pour moi vous étiez Pudding, mais c?était peut-être bien? Walter, Parker? ou Walker? ça ne vous dit rien ? ? C?est possible, dit le grand vieillard, visiblement déçu de ne pas avoir ressenti un choc. ? Encore une fois, je peux me tromper. ? Et vous, comment vous appelez-vous ? ? Georges Grindley. ça ne vous dit rien ? ? Non? Est-ce que je peux vous offrir un verre ?» Georges Grindley va passer un coup de téléphone à sa femme et les deux hommes se retrouvent assis dans un bar, quelques minutes plus tard. Grindley raconte que Pudding n?est pas tellement différent de l?image qu?il en avait gardée. C?est pendant la guerre qu?il avait changé. La première fois où les deux hommes s?étaient rencontrés, Pudding était un jeune aventurier, grand et joufflu, plein de santé, coiffé avec la raie au milieu. C?est pour cela qu?on l?appelait Pudding. Le vieillard l?interrompt : «Vous avez dit aventurier ? ? Ah ! Oui? Pudding devait avoir seulement vingt-trois ou vingt-quatre ans. Mais il avait déjà été aux Indes, au Canada. C?était un joyeux luron un peu fou? D?ailleurs, je crois que, pour lui, la guerre était tombée à pic : il avait promis le mariage à des tas de filles et mangé leurs économies, vous voyez le genre. ? Je vois, dit le vieillard pensif. Continuez. ? Eh bien, il y a eu la bataille de Loos, en France, dans le Pas-de-Calais. On a été blessé le même jour et on s?est retrouvé dans le même hôpital, en Allemagne. Là, on a trépané Pudding. ? Oui, c?est vrai, murmure le vieillard. J?ai été trépané.» Georges Grindley lui raconte comment il a assisté avec inquiétude au coma interminable de Pudding ; comment il l?a vu se transformer pendant son séjour à l?hôpital. Lui qui était joufflu, s?était amaigri. Ses cheveux, qu?on avait rasés, étaient devenus gris, lorsqu?ils avaient repoussé. Georges Grindley se souvient très bien de leurs adieux, lorsqu?il a dû quitter l?hôpital pour un camp de prisonniers. Pudding ne se tenait pas encore debout, mais il était autorisé à s?asseoir. Soudain, Grindley dévisage le vieillard. «Vous étiez de Chester, non ? ? Peut-être? ? Si, si, vous étiez de Chester ! Je m?en souviens parce que ce jour-là, j?ai écrit à vos parents ! Vous aviez du mal à écrire, et vous aviez fait un effort pour vous souvenir de votre adresse. Je ne me souviens que de Chester.» (à suivre...)