Soixante éléphants sont abattus chaque jour en Afrique. Il n'en reste que 500 000, moitié moins qu'en 1980. Depuis 2009, le braconnage a pris une ampleur quasi industrielle avec des saisies d'ivoire de 500 kilos et plus, menaçant d'extinction éléphants et rhinocéros. En février 2012, des trafiquants venus du Soudan du Sud ont massacré plus de 300 pachydermes dans le parc national de Bouba N'Djidda (nord du Cameroun). En mai 2013, profitant du chaos ambiant en Centrafrique, des braconniers armés de kalachnikovs en ont tué au moins 26, dans «le village des éléphants», un site classé au patrimoine mondial de l'humanité. A ce rythme, l'Afrique perdra 20% de ses éléphants dans les dix années à venir. C'est que la contrebande d'animaux sauvages est devenue l'activité criminelle la plus lucrative après la drogue, la fausse monnaie et la traite d'êtres humains. Toutes espèces confondues, elle rapporterait chaque année plus de 14 milliards de dollars. Pour la première fois, le Conseil de sécurité de l'ONU s'attaque aux braconniers et trafiquants d'ivoire qui financent des groupes armés en Afrique centrale. Deux résolutions, adoptées la semaine dernière, soulignent en effet que le braconnage et le trafic d'espèces sauvages attisent les conflits en Afrique centrale et profitent au crime organisé.