La fille du roi d'Espagne, l'infante Cristina, sera entendue samedi par un juge des Baléares qui l'a inculpée de fraude fiscale et a franchi ainsi, malgré les résistances, un pas spectaculaire dans l'enquête qui fait trembler la monarchie. Dans le bureau du juge José Castro, assise face au portrait accroché au mur de son père Juan Carlos, la plus jeune fille du roi devra expliquer si elle a coopéré avec les faits reprochés à son époux, Iñaki Urdangarin, un ancien médaillé olympique de handball, soupçonné de détournement de fonds publics. La mise en examen de Cristina, âgée de 48 ans, est tombée comme une bombe : longtemps ultra-protégée, aujourd'hui assaillie par les scandales, la monarchie espagnole découvre qu'elle n'est plus intouchable. A 76 ans, après 38 ans de règne, Juan Carlos montre le visage d'un roi fatigué, appuyé sur des béquilles après plusieurs opérations de la hanche. Si "l'affaire Urdangarin" a amorcé il y a deux ans une chute catastrophique de son image, le scandale est venu aussi en 2012 d'une coûteuse escapade au Botswana, pour une chasse à l'éléphant qui a choqué une Espagne meurtrie par la crise. Le tabou est aujourd'hui levé en Espagne sur une possible abdication au profit du prince Felipe, qui incarne à 46 ans l'espoir de la monarchie.