Résumé de la 78e partie ■ Le Dr Watson félicite Chantal pour le courage qu'elle a eu en venant se soigner à Makogaï... Nous sommes persuadés que vous en serez récompensée. Vous avez bien fait de ne pas attendre. Si tous les malades nous arrivaient dans votre état, ils repartiraient guéris au lieu de terminer, misérablement, leurs jours dans cette île. Avec votre assentiment, nous allons procéder à un sérieux examen pour déterminer le jour où nous commencerons le traitement le plus tôt sera le mieux. Chantal dut se déshabiller ; les taches avaient envahi son corps. Pour la troisième fois, elle subit un prélèvement sur la muqueuse de sa cloison nasale : elle finissait par en prendre l'habitude, le médecin fidjien, la touchait de ses mains au fur et à mesure que son examen se poursuivait, le Dr Watson dictait des notes à son autre assistant, l'Américain Fred, dont le regard ne quittait les fiches que pour dévorer Chantal. Les yeux bleus de ce grand garçon au teint de brique la gênaient : il y avait en eux comme une violence contenue. Quand la fiche de la nouvelle pensionnaire fut établie, le Dr Watson lui dit : — Dès que vous serez vêtue, je vous ferai voir, dans le laboratoire qui est à côté, vos propres bacilles au microscope. Chantal suivit le médecin anglais dans le laboratoire. — Vous voyez, poursuivit celui-ci, ces bâtonnets ? Ils servent de gaine à de l'acide mubéique des albumines et des cires.., exactement comme dans le bacille tuberculeux. Nous classons le bacille de la lèpre parmi les champignons inférieurs. A l'heure actuelle, il se trouve disséminé dans vos tissus, à l'intérieur des cellules lépreuses qu'il gonfle comme des sacs, en amas, semblables à des pelotes d'aiguilles ou à des margotins. Ces amas sont ce que les bactériologistes ont appelé des «globi» ou boules ; chez vous, chaque boule est révélée par la présence d'une tache. Chantal gardait l'œil droit rivé à la lentille du microscope et contemplait avec dégoût ces petits bâtônnets, mêlés à des granules, remuant sans cesse comme des vers de terre, dont la vie intense se développerait progressivement dans son organisme ; la seule idée qu'elle avait tout cela dans le corps lui fit pousser un cri ; Marie-Ange retira précipitamment le microscope. — Je reconnais que c'est assez désagréable à regarder, avoua le Dr Watson, mais vous verrez avec quel plaisir vous observerez, dans quelques années, le même prélèvement opéré sur votre cloison nasale. Vous n'y trouverez plus la moindre trace de bâtonnets ou de granules : ce jour-là vous serez bien guérie. Comme il n'y a pas une minute à perdre si nous voulons enrayer les progrès de la maladie, votre traitement va commencer. (A suivre...)