Paralysie ■ La petite ville de Birtouta, à l'ouest de la capitale, s'est transformée durant la journée d'hier en ville morte. Les rideaux des commerces étaient baissés. Ses rues n'étaient pas animées comme à l'accoutumée. Moins de passants, moins de circulation automobile. A l'origine de cette situation, une grève générale décidée par les commerçants. Mis à part les pharmaciens et quelques gargotiers, dont le nombre se compte sur les doigts, tous les autres ont suivi le mot d'ordre. «C'est la grève générale !», nous lance un jeune assis à côté de sa petite bicoque, fermée, de vente de tabac. Mais qui a lancé le mot d'ordre de la grève et pour quelle raison ? Selon un commerçant rencontré à côté de son local, des tracts ont été distribués la veille pour une grève générale de trois jours. Les commerçants que nous avons interrogés nous ont répondu que leur mouvement de protestation a été décidé pour dénoncer des agissements des agents de l'ordre et l'état dégradé des routes. Selon eux, «les agents de l'ordre ont trop exagéré en mettant les sabots aux voitures en stationnement devant leur commerce ...» A ce sujet, un citoyen nous a dit que «La semaine dernière un écolier a été heurté par une voiture, à côté de la placette faute de présence d'agents de l'ordre.» Et de s'expliquer : «Cela s'est produit parce que les agents de l'ordre ne procèdent pas au règlement de la circulation. Et lorsqu'ils voient une voiture stationnée, ils piquent sur elle pour y placer un sabot». Sur la route menant à Kheraïcia, un boucher nous a précisé que les agissements des agents de l'ordre provoquent une perte de la clientèle. «Parfois lorsque un conducteur arrête sa voiture pour acheter un sachet de lait, il se trouve sommé de payer une amende de 2 000 dinars.» Et d'ajouter : «Même en dehors de la rue principale, les agents de l'ordre sont aux aguets.» De sa main, il nous a montré une ruelle, où les agents de l'ordre sont intervenus pour mettre des sabots aux voitures qui sont stationnées. «Birtouta est classée première commune dans la wilaya, en matière d'amendes infligées par la police à cause du stationnement...», nous dit-on. En ce qui concerne l'état des routes évoqué par les grévistes, il y a lieu de dire que depuis la fin des travaux d'assainissement ayant touché la principale rue de Birtouta, aucune opération de revêtement n'a été effectuée. Une situation qui a rendu les rues boueuses à la moindre goutte de pluie et poussiéreuses au lever du soleil. Cette grève, qui a été largement suivie, a pénalisé un bon nombre de citoyens. Un employé des services des travaux publics, rencontré sur les lieux, s'est plaint de cette fermeture l'ayant pénalisé. «Je n'ai pas trouvé ou manger ou prendre mon café», dit-il. Un homme d'un certain âge était en train de chercher où télécopier une ordonnance médicale qu'il tenait dans sa main. Peine perdue. «Ils disent qu'ils sont traqués par la police. Ils disent que là où ils stationnent on leur met un sabot», lance-t-il.