Projet ■ Nadia Talbi est l'un des noms emblématiques et incontournables du théâtre algérien. Outre l'art des planches, un art qui est pour elle une valeur particulière, Nadia Talbi, une professionnelle reconnue comme telle par la critique, est aussi une actrice, aussi bien au cinéma (Chronique des années de braise, L'Empire des rêves, Vent de sable, Une femme pour mon fils...) qu'à la télévision (El-Khajjdoun, La Clef, Limada, Les Raisins aigres...). Récemment distinguée par l'association «3e millénaire», Nadia Talbi compte ajouter une autre corde à son arc. En plus de l'actorat, elle compte mener une expérience nouvelle : la mise en scène. Son projet consiste à adapter Les chiens du dramaturge flamand Tone Brulin. Ce texte a été, à titre de rappel, déjà adapté en 1969 par le regretté Hadj Omar où Nadia Talbi interprétait le rôle d'une petite fille. C'est dans cette pièce, qui est un réquisitoire contre l'apartheid, que Nadia Talbi a été révélée au grand public, rôle qui constitua un tournant clé dans sa carrière. Puisqu'elle jouait, pour la première fois, avec les grands du théâtre, à savoir Larbi Zekkal, Sid-Ali Kouiret, Sid-Ahmed Agoumi et Abdelkader Alloula. Cette pièce obtiendra le Premier prix maghrébin du théâtre. Nadia Talbi, qui espère être à la hauteur à travers cette nouvelle aventure, reconnaît que la mise en scène est un domaine nouveau pour elle, une tâche difficile. Car «la mise en scène est l'orchestration de tous les éléments d'une production théâtrale, jeu, costumes, décor, éclairage et son». C'est pour cette raison qu'elle compte redoubler d'énergie, et surtout travailler en concertation avec tous les créateurs réunis autour de ce projet théâtral. «Je dois avoir une confiance absolue envers mes compagnons de création et inversement», dit-elle. Si Nadia Talbi décide de s'aventurer dans un domaine jusque-là inexploré, c'est d'abord parce qu'elle se passionne pour le théâtre. Ensuite, parce qu'elle est motivée par la volonté de transmettre cette passion et d'inculquer et partager son expérience avec les jeunes générations. Au fil de sa carrière, longue de plusieurs années, elle a en effet cumulé une riche expérience mais elle s'est également forgé un caractère qui va lui permettre de relever le défi : la mise en scène. Elle est nourrie par ce souci d'assurer la transmission et la relève, étant fermement convaincue que la jeunesse algérienne comprend un extraordinaire potentiel créatif. Un potentiel qu'elle compte explorer et exploiter. Elle se dit d'ailleurs très fière de l'évolution et de la diversité du théâtre algérien tant l'énergie créatrice existe chez les jeunes. Il suffit juste de la canaliser, de la développer et d'en faire un produit concret, c'est-à-dire matérialiser sur scène cette force créatrice. Donc, il y a là la nécessité de perpétuer une discipline artistique à ces jeunes, discipline à laquelle elle a adhéré et dont elle en a fait un métier. Celle qui a le sens de l'assiduité et la rigueur estime, en outre, qu'il est essentiel d'aller vers les jeunes, les encourager et auxquels elle veut léguer son héritage théâtral.