Alger Récemment, le tribunal criminel de Sidi M?hamed a eu à délibérer sur le verdict d?un homme poursuivi pour viol sur une fillette d?une dizaine d?années... Dans le box des accusés, Salah B., 38 ans, ouvrier, repris de justice, demeurant à Bab El-Oued, fixe les membres de la cour d?un air désabusé : «Qu?aviez vous derrière la tête en vous en prenant à votre petite belle-s?ur ? ? M. le président, je vous jure que je n?ai de ma vie approché un enfant en nourrissant de mauvaises intentions à son égard... ? Vous avez pourtant violé la petite Sabrina. Allez-vous encore nier longtemps ce fait ? ? C?est faux ! Je n?ai fait aucun mal à ma petite belle-s?ur. ? Pourquoi votre beau-frère a-t-il porté plainte contre vous pour attentat à la pudeur sur la personne de sa petite s?ur ? ? M. le président, les relations entre mon beau-frère et moi se dégradaient chaque jour davantage. Il ne m?a jamais porté dans son c?ur? Il est tellement mauvais et rancunier qu?il n?a pas hésité à monter cette histoire de toutes pièces afin de me mettre derrière les barreaux... Je jure que je suis innocent !» L?accusé, très à l?aise dans sa déclaration, se tourne vers l?assistance et répète comme une leçon apprise sur le bout des doigts : «Je jure que je suis innocent !» Les faits remontent à la fin du mois d?octobre 2002. Le beau-frère du mis en cause se rapproche des services de police, fou de rage : «Ma petite s?ur, Sabrina, âgée de 10 ans, a été violée par un proche, Salah B.» Arrêté, S. B. nie, bien entendu, les faits qui lui sont reprochés : «Mon beau-frère est fou ! Il raconte n?importe quoi !» C?est ce qu?il continuera de dire le jour du procès : «Je regrette que mon beau-frère en soit arrivé à m?accuser d?un acte aussi immonde ! La vengeance et la rancune l?aveuglent...» Lorsque la cour s?adresse à Sabrina, âgée aujourd?hui de 12 ans, elle le fait avec beaucoup de délicatesse : « Ton oncle Salah s?en est-il pris à toi, oui ou non ? ? Non, non, monsieur le président. Tonton Salah ne m?a jamais fait de mal.» Hélas pour l?accusé, la petite Sabrina, perturbée et tremblante, revient sans cesse sur ses déclarations : «Si monsieur le président... Il a tenté de me violer... Il m?a fait du mal !» Le procureur général dresse un dur réquisitoire à l?encontre du mis en cause : «Je requiers une peine de dix ans de réclusion criminelle... C?est très grave de s?en prendre à l?innocence d?une enfant !» L?avocat de la défense sollicite l?application des articles ayant trait aux circonstances atténuantes. «Mon client fait l?objet d?un règlement de comptes.» La cour se retire afin de délibérer et revient avec son verdict : S. B. est condamné à cinq ans de prison ferme pour attentat à la pudeur.