Alger Au tribunal criminel de Sidi M?hamed, l?accusé avoue, dans un sanglot : «Je ne savais pas ce que je faisais !» Voici une affaire troublante traitée par le tribunal criminel de Sidi M?hamed et dont les faits remontent à la fin de l?année 2000. L?accusé, D. K., 38 ans, sans profession et repris de justice, ne daigne même pas affronter le regard scrutateur des personnes venues nombreuses assister à ce procès. Regrette-t-il «réellement» son acte, comme il s?acharne à le dire à la cour, d?une voix entrecoupée de sanglots ? «Je ne voulais pas tuer mon voisin de quartier, je ne sais même pas pourquoi je l?ai agressé.» Car, au moment des faits, l?accusé était ivre. Le «pourquoi» du crime n?en finit pas tout au long de cette surprenante audience. Surprenante de par le fait qu?il y ait un criminel, une victime mais pas le moindre motif qui explique un drame comme on en voit tellement de nos jours. Tout a débuté par ce fameux coup de fil anonyme reçu par les services de la police judiciaire d?El-Harrach. Une voix tremblante fait état d?une morbide découverte, non loin de la gare ferroviaire. Un aveu vite vérifié : la victime, un jeune homme âgé d?une vingtaine d?années, a rendu l?âme. Elle baigne au milieu d?une mare de sang? Selon le rapport d?autopsie, la victime aurait succombé à la suite d?un coup de couteau mortel asséné au niveau du crâne? Un malheureux constat. Quelques jours plus tard, une judicieuse enquête permet de procéder à l?arrestation de l?auteur présumé du crime, qui n?est autre que le voisin de quartier de la jeune et frêle victime? Ce dernier ne nie pas les faits retenus contre lui, mais précise qu?il n?avait nullement l?intention de commettre cet horrible crime. Quelques années plus tard, il fait la même déclaration lors de son procès : «J?avais consommé de l?alcool, je ne me souviens pas vraiment de la raison qui a provoqué le drame, mais je suis désolé de cet acte qui a coûté la vie à mon voisin et ami?» Le procureur général requiert la prison à perpétuité, alors que l?avocat de la défense demande de larges circonstances atténuantes, précisant que son client avait agi «sans intention de donner la mort». Après de longues délibérations, la cour revient afin de rendre son verdict. L?accusé se voit condamné à dix ans de réclusion criminelle et à verser la somme de cent mille dinars à la famille du défunt. Il reste à ajouter que le mis en cause demande la révision de son procès par la Cour suprême.