Evidence ■ Dans ces établissements, nos jeunes ne trouvent rien du tout. Rien ne les tente, rien ne les attire. C'est pour cette raison qu'ils préfèrent la rue et les cafés maures qu'à ces infrastructures qui, en réalité, leur étaient destinées. Les centaines de centres culturels réalisés depuis plus d'une trentaine d'années, à travers les communes les plus reculées du territoire national, se trouvent en effet dans un état catastrophique. Murs fissurés, toit crevassé, carrelages éclatés, vitres brisées et portes mal soudées. Plus grave, le plus souvent, ces centres se trouvent sans eau et sans électricité. Après la suppression du ministère de la culture, sous le gouvernement Hamrouche, l'encadrement de ces centres a été confié au ministère de la jeunesse et des sports. Les municipalités dont relève ce patrimoine disent ne pas avoir les moyens financiers pour les entretenir et payer des différentes redevances. Cependant, tout en reconnaissant ne pas pouvoir rénover ces centres, les élus locaux refusent de les céder aux services du ministère de la jeunesse et des sports ou à ceux de la culture. Une dizaine d'années après la réalisation des centres culturels, on a décidé de réaliser les Maisons de jeunes. Celles-ci, lorsqu'elles sont bien bâties et bien équipées, souffrent, dans la plupart des cas, de problèmes d'encadrement et de financement. C'est ainsi que le jeune qui les fréquente se trouve soit non accompagné, soit prié très gentiment de vider les lieux. L'Etat a consacré, pour le secteur de la jeunesse, des sommes d'argent colossales, mais il n'a pas mis en place, en parallèle, une véritable politique de la jeunesse. C'est la raison pour laquelle le matériel informatique et audiovisuel, les outils de peinture, les livres et les instruments de musique ne sont pas exploités. Dans plusieurs de ces établissements, le matériel acquis et destiné à être exploité, a été stocké dans des magasins pendant des années, faute d'animateurs. Théoriquement, une maison de jeunes touche à tous les aspects de la vie qui occupent ou préoccupent la population juvénile. Elle a sans, nul doute, une mission à accomplir. A travers ces activités, elle forme les jeunes pour qu'ils deviennent des citoyens respon-sables, actifs et critiques. La création des Odej, depuis six ans, ne semble pas régler le problème d'un secteur qui «meurt de vieillesse». Le moins que l'on puisse dire à ce sujet, est que le décret exécutif portant création des Odej (Offices des établissements de jeunes) n'est pas tout à fait appliqué. En effet, dans plusieurs cas, les établissements de jeunes et leur personnel demeurent toujours sous l'égide de la Direction de la jeunesse et des sports. Et pourtant les dispositions de ce décret stipulent clairement que «les offices ont pour missions d'assurer la mise en œuvre des programmes d'information, de communication, d'écoute , d'animation socio-éducative et d'insertion en milieux de jeunes ainsi que la gestion, la maintenance et l'entretien des établissements de jeunes constituant leur patrimoine.» Sur le terrain, nous avons eu à relever aussi que des ligues, en dépit de l'importance des budgets qui leur sont alloués par les pouvoirs publics, occupent les locaux des maisons de jeunes...