Déploiement ■ Des patrouilles armées de la police surveillaient ce mercredi les rues de Mombasa, principale ville de la côte kenyane, au lendemain du meurtre d'une figure de l'islam radical kenyan. Abubaker Shariff Ahmed dit «Makaburi», âgé d'une cinquantaine d'années, a été tué par balles hier soir à Mombasa, la capitale de la côte kenyane très majoritairement musulmane. Un correspondant a vu les corps criblés de balles de Makaburi et d'un jeune homme, allongés côte à côte à l'arrière d'un véhicule de police dans un commissariat de Mombasa où ils ont été transportés. Les corps ont été identifiés par les familles. «L'un d'entre eux est celui d'Abubaker Shariff Ahmed alias Makaburi», a confirmé le chef de la police du quartier de Kisauni, Richard Ngatia. «Nous ne savons pas qui les a tués et pourquoi», a-t-il ajouté, lançant un appel à témoins. Makaburi venait de sortir d'un tribunal de la deuxième ville du pays et attendait avec quatre autres personnes - dont le jeune homme tué avec lui - quand des tireurs en voiture ont ouvert le feu, selon la police et des témoins. «Ils attendaient qu'une voiture vienne les chercher quand des gens à bord d'un véhicule en marche leur ont tiré dessus», a expliqué. Cheikh Abubaker Shariff Ahmed était placé depuis 2012 sous sanctions de l'ONU pour «ses liens étroits avec les membres influents» des islamistes shebab. Il était décrit par l'ONU comme « un important (...) recruteur de jeunes musulmans kényans en vue d'activités militantes violentes en Somalie », qui « fournit un appui matériel à des groupes extrémistes au Kenya » et en Afrique de l'Est et participe « à la mobilisation et à la gestion de fonds pour les shebab ». Il avait nié vertement ces accusations, le mois de février dernier, tout en défendant l'instauration de la charia «partout dans le monde» et la mémoire d'Oussama ben Laden. Il avait également estimé «100% justifiée» l'attaque menée en septembre contre le centre commercial Westgate de Nairobi, qui avait fait au moins 67 morts. «Ma vie est en danger, ils finiront par me tuer. C'est ce qu'ils font», avait affirmé Makaburi à propos des autorités kenyanes. C'est la troisième personnalité importante de la mosquée Musa de Mombasa, cœur de l'islam radical kenyan, accusée par les autorités d'être un centre de propagande djihadiste et de recrutement pour les shebab somaliens, à être tuée par balles en moins de deux ans. L'imam Aboud Rogo Mohamed, principal prédicateur de la mosquée et ami de Makaburi, avait été assassiné en août 2012, avant que son successeur Cheikh Ibrahim Ismaïl ne tombe à son tour sous les balles en octobre 2013, déclenchant à chaque fois de violentes émeutes à Mombasa. Aucun des tueurs n'a été identifié, mais leurs partisans, Makaburi en tête, avaient accusé les autorités kenyanes d'avoir mené «des exécutions extrajudiciaires». Hier soir, Mombasa était calme mais la police était déployée en masse et des dirigeants politiques et religieux ont lancé des appels au calme sur les radios locales. Dans la soirée, la police a tiré des coups de feu en l'air pour disperser une foule de partisans de Makaburi rassemblés autour du poste de police pour réclamer son corps.