Vie ■ Une opération de destruction de 120 mines antipersonnel, sinistres vestiges de la période coloniale, suivie de la plantation d'autant d'oliviers a été menée dans l'après-midi d'hier à Sidi Abid, dans la daïra de Bouhadjar. L'opération coïncide avec la célébration de la Journée mondiale des victimes des mines antipersonnel (4 avril). Le colonel Hassan Gueradi, du ministère de la Défense nationale, le président de l'association nationale Machaâl Ech-Chahid, Mohamed Abad, le chef d'une délégation du comité international de la Croix-Rouge, Askar Umarbekov et le président de l'association nationale des victimes des mines, Mohamed Djouadi, et plusieurs officiers ont assisté, aux côtés des autorités locales, à cette opération, la 5e du genre après celles organisées à Naâma, Tebessa, Béchar et Souk-Ahras. Son but, selon le colonel Hocine Hamel, chargé des opérations de déminage dans l'est du pays, est de «venir à bout des mines disséminées le long des lignes Challe et Morice durant la Révolution, et faire en sorte que ces lieux de la mort deviennent source de vie grâce à la plantation d'oliviers». Le colonel Hamel a souligné que 70% de la superficie a été assainie dans cette wilaya frontalière où une démonstration symbolique du procédé de déminage qui passe par cinq phases a été expliquée par cet officier qui a longuement insisté sur «l'impact de la plantation des arbres en lieu et place de ces mines afin d'immortaliser cette date symbole». Sur le site de Sidi Abid, non loin de la Zaouia éponyme, des explications détaillées sur les efforts menées par les éléments de l'Armée nationale populaire (ANP), pour débarrasser cette région de ces engins de mort, ont été données. Trois types de mines (MIS1950, APID 51 et APDV 61), ont constitué la principale curiosité des nombreux participants à cette opération de déminage, entamée en 2004 pour être achevée en 2017, a-t-on affirmé. Selon le représentant du CICR, qui a indiqué qu'il s'agissait-là d'un important rendez-vous qui vise à mettre un terme au douloureux souvenir qui a marqué à jamais les populations qui ont eu à le vivre, a souligné que l'Algérie enregistre des «avancées considérables en matière de lutte contre les mines antipersonnel». Un exposé sur les lignes Challe et Morice, accompagné de statistiques sur le nombre de mines détruites, sera donné jeudi à la salle Ahmed-Betchine d'El-Tarf dans le cadre de la célébration de cette journée placée, cette année, sous le slogan «un arbre planté pour chaque mine enlevée». Au beau milieu de la guerre d'Algérie (1954-1962), l'armée française lutte contre l'Armée de libération nationale (ALN). Pour asphyxier cette dernière, et l'empêcher d'obtenir des renforts depuis ses bases arrières dans les pays voisins, le Maroc et la Tunisie, il fut décidé de miner les frontières Est et Ouest du pays. Le ministre français de la défense André Morice et le général Maurice Challe furent les grands orchestrateurs de ce chantier qui porte leurs noms. Les lignes Challe et Morice ont été érigées pendant les années 1957 à 1959. Ces lignes se complètent, se dédoublent et parfois se confondent, d'où le fait que l'on parle aussi de «la» ligne Challe et Morice.