Ce mot, passé dans l'argot du français colonial, provient de l'arabe dialectal sidi, au propre «mon seigneur». Le mot vient lui-même du classique sayyidi, avec le même sens. Si sayyidi a acquis, dans la langue moderne le sens de «monsieur», notre sidi a gardé le sens de «seigneur». Dans la tradition algérienne, le titre est avant tout décerné aux saints dont le nom est toujours précédé de ce mot : Sidi Abderrahmane, saint patron d'Alger, Sidi Boumediène, saint patron de Tlemcen, Sidi Ahmed Benyoucef, saint patron de Miliana, etc. Autrefois, et aujourd'hui encore dans les campagnes, il était d'usage d'accorder le titre de sidi aux cheikhs et aux marabouts, c'est-à-dire à la classe des religieux, qui occupait une fonction importante dans la société. On employait aussi le mot quand on s'adressait aux patrons, aux maîtres, à tout ceux qui occupaient de hautes fonctions. Certes, il s'agit d'un terme de respect, mais dans lequel il y avait beaucoup d'obséquiosité. Des proverbes et des dictons mettent d'ailleurs en relief cette obséquiosité qui se rattache au mot. Ainsi, ana nqulek sidi, nta a'raf qadrek (moi, je t'appelle «mon seigneur», à toi de connaître ta valeur, c'est-à-dire tes limites). Un autre proverbe recommande de dire «sidi» au riche même s'il s'agit d'un... chien ! Le mot est si chargé qu'on évite aujourd'hui de l'employer ; on lui préfère alors le classique sayyidi ou tout simplement le français «monsieur». Notons tout de même que le mot sidi a des emplois affectueux : ainsi, sidi h'bibi (littéralement «monsieur mon aimé») ou sidi wlidi (monsieur mon enfant), pour marquer l'attachement à la personne qu'on aime, en quelque sorte pour lui dire le «pouvoir» qu'elle exerce sur son c?ur. Et on émaille souvent le discours de la formule haya, sidi (va, monsieur), hakda ya sidi (c'est ainsi, monsieur), etc.