Résumé de la 1re partie ■ Le pêcheur écoute attentivement ce que le voyageur – qu'il a invité dans sa cabane – lui raconte... Mais, dit le pêcheur, en interrompant son hôte, est-ce que le roi vous faisait mauvais visage, et ne vous aimait plus ? - Pardonnez-moi, répondit cet homme, le roi me faisait plus d'amitié qu'à l'ordinaire ; mais pensez donc qu'il ne m'aimait plus tout seul, et que tout le monde disait que ce seigneur allait devenir un second favori. Vous sentez bien que cela est insupportable, aussi ai-je manqué en mourir de chagrin. Je me retirai hier au soir dans ma chambre tout triste, et quand je fus seul, je me mis à pleurer. Tout d'un coup, je vis un grand homme, d'une physionomie fort agréable, qui me dit, «Azaël, j'ai pitié de ta misère, veux-tu devenir tranquille, renonce à l'amour des richesses et au désir des honneur. - Hélas ! Seigneur, ai-je dit à cet homme, je le souhaiterais de tout mon cœur, mais comment y réussir ? - Quitte la cour, m'a-t-il dit, et marche pendant deux jours par le premier chemin qui s'offrira à ta vue ; la folie d'un homme te prépare un spectacle capable de te guérir pour jamais de l'ambition. Quand tu auras marché pendant deux jours, reviens sur tes pas, et crois fermement qu'il ne tiendra qu'à toi de vivre gai et tranquille.» J'ai déjà marché un jour entier pour obéir à cet homme, et je marcherai encore demain : mais j'ai bien de la peine à espérer le repos qu'il m'a promis. Le pêcheur ayant écouté cette histoire, ne put s'empêcher d'admirer la folie de cet ambitieux, qui faisait dépendre son bonheur des regards et des paroles du prince. «Je serai charmé de vous revoir, et d'apprendre votre guérison, dit-il au voyageur : achevez votre voyage, et dans deux jours revenez dans ma cabane ; je vais voyager aussi ; je n'ai jamais été à la ville, et je m'imagine que je me divertirai beaucoup de tout le tracas qu'il doit y avoir. - Vous avez là une mauvaise pensée, dit le voyageur : puisque vous êtes heureux à présent, Pourquoi cherchez-vous à vous rendre misérable ? Votre cabane vous paraît suffisante aujourd'hui mais quand vous aurez vu les palais des grands, elle vous paraîtra bien petite et bien chétive. Vous êtes content de votre habit, parce qu'il vous couvre ; mais il vous fera mal au cœur, quand vous aurez examiné les superbes vêtements des riches. - «Monsieur, dit le pêcheur à son hôte, vous parlez comme un livre, servez-vous de ces belles raisons, pour apprendre à ne vous pas fâcher quand on regarde les autres, ou qu'on leur parle. Le monde est plein de ces gens qui conseillent les autres, pendant qu'ils ne peuvent se gouverner eux-mêmes. » (A suivre...)