Patrimoine ■ Désormais les passionnés de musées pourront aller voir le masque de Gorgone au Musée des Antiquités d'Alger au cœur du parc de La Liberté. Venu rejoindre des pièces archéologiques relatant le passé millénaire algérien, le masque de Gorgone restitué par la Tunisie est là pour raconter le passé antique de notre pays. Après bien des péripéties et de longues tractations entre les deux pays, le masque volé en 1996 et retrouvé chez un parent de Ben Ali, revient au bercail. Hier, pour la circonstance, en présence de nombreux diplomates représentant leurs chancelleries respectives installées à Alger, de personnalités politiques, de directeurs de musées nationaux et de la presse, Madame Khalida Toumi, ministre de la Culture, a expliqué les tenants et les aboutissants de la restitution du masque de Gorgone. Une pièce archéologique rare qui a disparu du pays en 1996. C'est au cours d'une cérémonie au musée de Carthage à Tunis dimanche dernier, que Mourad Sakli, ministre de la Culture tunisien, a remis à Mme Toumi le masque subtilisé par des trafiquants de pièces archéologiques du site d'Hippo Regins dans la wilaya d'Annaba. La ministre de la Culture a développé les différentes étapes et négociations au travers de 3 ans de tractations, ayant abouti à une restitution en bonne et due forme de ce masque. Soulignant les liens qui unissent les deux Etats, elle a insisté sur une collaboration réciproque dans ce domaine pour concrétiser la mise en place d'une commission d'experts algéro-tunisienne. Cette dernière sera chargée du suivi des dossiers se rapportant au trafic des biens culturels, tel que déterminé par la 19e session de la Grande commission mixte algéro-tunisienne.Dans la foulée, Mme Khalida Toumi a également inventorié les objets subtilisés pour le commerce illégal et rapatriés par l'Algérie : «Nous avons, depuis quelques années, réussi à récupérer des pièces et autres objets faisant partie de notre patrimoine culturel ancestral, en l'occurrence le buste en marbre de Marc Aurèle, empereur romain, dérobé du musée de Skikda (1996) en même temps que huit autres pièces archéologiques.» La première responsable du Département de la Culture a mis en exergue la collaboration des brigades de la DGSN mises en service depuis 2008 quant aux opérations de reprise des objets antiques soustraits à l'Algérie. Mme Toumi a réaffirmé la volonté de l'Etat de sauvegarder les biens culturels et autres œuvres d'art contre l'appropriation illicite et leur trafic.Rappelons que des résultats positifs ont été enregistrés entre 2008 et 2011 avec la récupération de 686 pièces archéologiques volées dans les wilayas de Souk Ahrras, Guelma, Tébessa, Tipasa et Laghouat. Dans la mythologie grecque, la Gorgone est une effigie malfaisante qui jette la mort sur la personne qui ose la regarder. La pièce de marbre blanc pèse plus de 300 kg. Son embarquement a nécessité un travail colossal ce qui a fait dire à Mme Toumi : «On se pose la question de savoir comment ces hommes ont pu la déplacer et quels moyens ont été utilisés...». La béquée, un tableau de Jean-François Millet, a été restitué jeudi dernier à l'Algérie après 29 ans de disparition. Réalisée entre 1848 et 1860, La béquée, une toile du plasticien Jean-François Millet, représentant une femme nourrissant ses enfants, et qui a disparu du musée d'Oran – il en avait fait l'acquisition au début des années 1950 – depuis 1985, sera remise au Musée national Zabana à Oran après des travaux de réhabilitation. Ce tableau sera exposé temporairement au Musée des Beaux Arts. Le ministère de la Culture a entrepris en 2002 des démarches pour la restitution de La béquée ainsi que celle d'un tableau de Courbet après avoir été avisé par l'ambassade d'Algérie à Paris que les toiles avaient été proposées à une vente aux enchères. C'est grâce à une collaboration du ministère des Affaires étrangères algérien avec les autorités françaises que la toile a été restituée à l'Algérie. «Des négociations seront engagées et des mesures seront prises dans le cadre des conventions internationales relatives au patrimoine pour la restitution du tableau de Courbet», a-t-on indiqué.