Résumé de la 1re partie ■ Fatal, qui d'après ses parents portait malheur, fut confié à une nourrice qui l'abandonna dans un bois où il y avait des bêtes sauvages.Là, une lionne lui donna à téter... Cependant le fils de la nourrice, qu'elle faisait passer pour le prince, mourut, et le roi et la reine furent charmés d'en être débarrassés. Fatal resta dans le bois jusqu'à deux ans, et un seigneur de la cour, qui allait à la chasse, fut tout étonné de le trouver au milieu des bêtes. Il en eut pitié, l'emporta dans sa maison, et ayant appris qu'on cherchait un enfant, pour tenir compagnie à Fortuné, il présenta Fatal à la reine. On donna un maître à Fortuné pour lui apprendre à lire ; mais on recommanda au maître de ne point le faire pleurer. Le jeune prince qui avait entendu cela, pleurait toutes les fois qu'il prenait son livre ; en sorte qu'à cinq ans, il ne connaissait pas les lettres ; au lieu que Fatal lisait parfaitement et savait déjà écrire. Pour faire peur au prince, on commanda au maître de fouetter Fatal toutes les fois que Fortuné manquerait à son devoir ; ainsi, Fatal avait beau s'appliquer à être sage, cela ne l'empêchait pas d'être battu ; d'ailleurs, Fortuné était si volontaire et si méchant, qu'il maltraitait toujours son frère, qu'il ne connaissait pas. Si on lui donnait une pomme, un jouet, Fortuné le lui arrachait des mains ; il le faisait taire : en un mot, c'était un petit martyr, dont personne n'avait pitié. Ils vécurent ainsi jusqu'à dix ans, et la reine était fort surprise de l'ignorance de son fils. «La fée m'a trompée, disait-elle ; je croyais que mon fils serait le plus savant de tous les princes, puisque j'ai souhaité qu'il réussît dans tout ce qu'il voudrait entreprendre.» Elle alla consulter la fée sur cela qui lui dit : «Madame, il fallait souhaiter à votre fils de la bonne volonté, plutôt que des talents ; il ne veut qu'être bien méchant, et il y réussit comme vous le voyez.» Après avoir dit ces paroles à la reine, elle lui tourna le dos : cette pauvre princesse, fort affligée, retourna à son palais. Elle voulut gronder Fortuné, pour l'obliger à mieux faire, mais, au lieu de lui promettre de se corriger, il dit que si on le chagrinait, il se laisserait mourir de faim. Alors la reine, tout effrayée, le prit sur ses genoux, le baisa, lui donna des bonbons, et lui dit qu'il n'étudierait pas de huit jours, s'il voulait bien manger comme à son ordinaire. Cependant le prince Fatal était un prodige de science et de douceur ; il s'était tellement accoutumé à être contredit, qu'il n'avait point de volonté, et ne s'attachait qu'à prévenir les caprices de Fortuné. (A suivre...)