Résumé de la 2e partie ■ Fatal, qui était un prodige de science et de douceur, ne s'attachait qu'à prévenir les caprices de Fortuné... Mais ce méchant enfant, qui enrageait de le voir plus habile que lui, ne pouvait le souffrir, et les gouverneurs, pour plaire à leur jeune maître, battaient à tous les moments Fatal. Enfin, ce méchant enfant dit à la reine, qu'il ne voulait plus voir Fatal, et qu'il ne mangerait pas tant qu'on ne l'eût chassé du palais. Voilà donc Fatal dans la rue, et comme on avait peur de déplaire au prince, personne ne voulut le recevoir. Il passa la nuit sous un arbre, mourant de froid, car c'était en hiver, et n'ayant pour son souper qu'un morceau de pain, qu'on lui avait donné par charité. Le lendemain matin, il dit en lui-même, je ne veux pas rester à rien faire, je travaillerai pour gagner ma vie jusqu'à ce que je sois assez grand pour aller à la guerre. Je me souviens d'avoir lu dans les histoires, que de simples soldats sont devenus de grands capitaines ; peut-être aurai-je le même bonheur, si je suis honnête homme. Je n'ai ni père ni mère ; mais Dieu est le père des orphelins ; il m'a donné une lionne pour nourrice, il ne m'abandonnera pas. Après avoir dit cela, Fatal se leva, fit sa prière, car il ne manquait jamais à prier Dieu soir et matin ; et quand il priait, il avait les yeux baissés, les mains jointes, et il ne tournait pas la tête de côté et d'autre. Un paysan, qui passa, et qui vit Fatal, qui priait Dieu de tout son cœur, dit en lui-même, je suis sûr que cet enfant sera un honnête garçon ; j'ai envie de le prendre pour garder mes moutons. Dieu me bénira à cause de lui. Le paysan attendit que Fatal eût fini sa prière, et lui dit : «Mon petit ami, voulez-vous venir garder mes moutons ? Je vous nourrirai, et j'aurai soin de vous. — Je le veux bien, répondit Fatal, et je ferai tout mon possible pour vous bien servir. » Ce paysan était un gros fermier, qui avait beaucoup de valets, qui le volaient fort souvent ; sa femme et ses enfants le volaient aussi. Quand ils virent Fatal, ils furent bien contents : «C'est un enfant, disaient-ils, il fera tout ce que nous voudrons.» Un jour la femme lui dit : «Mon ami, mon mari est un avare qui ne me donne jamais d'argent ; laisse-moi prendre un mouton, et tu diras que le loup l'a emporté. —Madame, lui répondit Fatal, je voudrais de tout mon cœur vous rendre service, mais j'aimerais mieux mourir que de dire un mensonge et être un voleur. (A suivre...)