Résumé de la 4e partie n La sorcière, qui a fait remplacer la jolie reine par sa fille laide et borgne, ne put rendre à celle-ci l'œil qui lui manquait. Le soir, quand le roi revint de la chasse et apprit qu'il lui était né un fils, il se réjouit de tout son cœur et voulut aller près du lit de sa chère femme, pour voir comment elle se trouvait. Mais la vieille lui dit bien vite : «Pour Dieu, n'ouvrez pas les rideaux ; la reine ne peut pas encore voir la lumière ; elle a besoin de repos.» Le roi s'en retourna, ne se doutant point qu'une fausse reine était couchée dans son lit. Mais quand minuit fut venu, comme tout le monde dormait, la nourrice, qui était dans la chambre de l'enfant, près de son berceau, et qui veillait toute seule, vit la porte s'ouvrir et la véritable mère entrer. Elle prit l'enfant dans le berceau, le posa sur son bras et lui donna à boire. Puis, elle remua son coussin, replaça l'enfant et étendit sur lui la couverture. Elle n'oublia pas non plus le petit chevreuil ; elle s'approcha du coin où il reposait, et lui caressa le dos avec la main. Puis, elle sortit sans dire un mot ; et le lendemain, quand la nourrice demanda aux gardes si quelqu'un était entré dans le palais pendant la nuit, ils répondirent : «Non, nous n'avons vu personne.» Elle vint de même plusieurs nuits, sans jamais prononcer une parole : la nourrice la voyait toujours, mais n'osait pas en parler. Au bout de quelque temps, la mère commença à parler dans la nuit, et elle dit : — Que fait mon enfant ? Que fait mon chevreuil ? Je reviendrai encore deux fois et ne reviendrai plus. La nourrice ne lui répondit pas ; mais, quand elle fut disparue, elle courut vers le roi et lui raconta tout. Le roi dit : «Mon Dieu ! qu'est-ce que cela ? Je veux veiller la nuit prochaine près de l'enfant.» En effet, il se rendit le soir dans la chambre de l'enfant, et vers minuit, la mère apparut et dit : — Que fait mon enfant ? Que fait mon chevreuil ? Je reviendrai encore une fois et ne reviendrai plus. Puis, elle s'occupa de l'enfant, comme elle faisait d'ordinaire, et disparut. Le roi n'osa pas lui adresser la parole, mais la nuit suivante, il veilla encore. La reine dit : — Que fait mon enfant ? Que fait mon chevreuil ? Je reviens cette fois encore et ne reviendrai plus. Alors le roi ne put se contenir ; il s'élança vers elle et lui dit : «Tu ne peux être une autre que ma femme chérie. — Oui, répondit-elle, je suis ta femme chérie.» Et au même moment, par la grâce de Dieu, elle avait recouvré la vue et était fraîche, rose et bien portante. Elle raconta au roi le crime qu'avaient commis contre elle la méchante sorcière et sa fille. Le roi les fit paraître devant le tribunal, et elles furent condamnées. La fille fut conduite dans une forêt, où les bêtes sauvages la mirent en pièces dès qu'elles l'aperçurent ; la sorcière monta sur un bûcher et périt misérablement dans les flammes. Comme le feu la consumait, le chevreuil fut métamorphosé et reprit sa forme naturelle, et le petit frère et la petite sœur vécurent heureux ensemble jusqu'à la fin de leur jour.