Un marchand voyageait pour gagner quelque chose. Un jour, il partit avec son mulet ; à un endroit, il rencontra des moissonneurs : «Que Dieu vous aide», leur dit-il. - «Bonjour, ami, que Dieu te soit favorable», répondirent les moissonneurs. Parmi eux, deux hommes ne disaient mot et ne s'occupaient que de leur travail. Il marcha encore quelque temps, et trouva trois hommes : «Que Dieu vous aide», leur dit-il. «Bonjour, ami, répondirent les trois hommes, que Dieu te soit favorable. Ils étaient occupés à jouer et à passer joyeusement le temps. Le marchand continua sa route ; le lendemain, il arriva dans un endroit désert et inhabité. Le lendemain, il passa par un village abandonné : «O Dieu, se dit-il, que me réservez-vous donc ?» Il continua à marcher. Le lendemain, vers le coucher du soleil, il vit un mouton qui donnait des coups de corne à un rocher : «Je resterai ici, se dit-il, jusqu'à ce que son maître vienne, j'irai avec lui. Il dormit sur place jusqu'au lendemain, le maître du mouton ne parut pas. Dans la soirée du quatrième jour. Il aperçut un village et de la lumière ; en y arrivant, il trouva une foule de gens qui jouaient à «thiqar» : (jeu consistant à se donner des coups de pied dans le dos)... -«Bonsoir à tous», leur dit-il. «Sois le bienvenu», répondirent les joueurs. Chacun de lui dire : «Viens souper avec moi.» Parmi les joueurs était un vieillard qui avait un enfant ; l'enfant d'un autre homme ne jouait pas, il était triste parce qu'on avait porté son père au tombeau. Le marchand revint dans son pays, il alla chez un vieillard et lui dit : «Le jour où je devins marchand, je partis pour gagner quelque chose.» Et il raconta ce qui lui était arrivé. Le vieillard lui répondit : «Ces deux hommes que tu as trouvés silencieux, le sont par habitude, afin qu'ils n'aient pas à se battre. Deux des trois que tu as vu jouer, ont un tiers pour les séparer. Le mouton qui frappait le rocher avec ses cornes, signifie l'ancien temps où les mauvaises familles régnaient sur les bonnes, où les hommes corrompus commandaient aux honnêtes gens. Le village que tu as trouvé abandonné, ne renferme rien de bon ; les habitants de ce village que tu as trouvés jouant à thiqar, sont bons ; il n'y a dans ce village aucun homme mauvais. Le vieillard est l'image d'un homme qui achète une honnête femme dans une honnête maison, l'enfant est l'image d'un homme qui achète une femme mauvaise dans une mauvaise maison.»