Violence ■ Le Congrès général national libyen (CGN, Parlement) a été attaqué, hier, au moment où il s'apprêtait à élire un nouveau Premier ministre, dans un pays miné par l'anarchie et les violences. «Des hommes armés ont investi le Congrès. Nous ne connaissons pas les motifs de l'attaque. Nous avons suspendu nos travaux et le vote a été reporté à la semaine prochaine», a indiqué le député Tahar Mokni. Les députés ont été évacués mais des coups de feu avaient été entendus peu après dans le périmètre du Congrès, selon des témoins. Peu avant l'attaque, les députés discutaient de la procédure de vote à suivre pour départager les deux hommes. Convaincus qu'aucun des deux n'obtiendrait les 120 voix requises pour être élu au second tour, plusieurs députés ont proposé le report du vote, en attendant de trouver un candidat de consensus. Des échanges vifs ont eu lieu et certains élus ont proposé un amendement au règlement intérieur du Congrès pour pouvoir élire le Premier ministre à la majorité absolue, sur fond de luttes d'influence entre libéraux et islamistes. Les discussions ont été par la suite interrompues par l'attaque. Elle a été menée par des hommes armés de Benghazi, dont les motivations étaient inconnues. Mais selon des députés, les assaillants seraient des partisans de l'un des candidats, qui n'étaient pas satisfait de l'évolution des discussions. Sur sept candidats en lice, Ahmed Miitig, homme d'affaires originaire de la ville de Misrata (ouest) et Omar Al-Hassi, universitaire de Benghazi (est), étaient arrivés en tête avec respectivement 67 et 34 voix, sur 152 députés présents, lors d'un premier tour. Le siège du Congrès est régulièrement la cible d'attaques de groupes armés, comme celle perpétrée le 2 mars, dans laquelle deux députés avaient été blessés par balle. L'attaque d'hier a contraint les députés libyens à reporter l'élection du nouveau Premier ministre. Le Premier ministre libyen Abdallah Al-Theni, chargé le 8 avril par le Parlement de former un nouveau gouvernement, a annoncé qu'il démissionnait de son poste, après avoir été victime, selon lui, d'une attaque armée. Dénonçant une «attaque traître» contre lui et sa famille, il a rejeté sa confirmation par le Parlement comme chef du gouvernement, tout en assurant qu'il continuerait à gérer les affaires courantes jusqu'à la nomination d'un nouveau Premier ministre. «Je n'accepte pas que les Libyens s'entretuent à cause de ce poste» de Premier ministre, a-t-il ajouté, affirmant que l'attaque dont il a été la cible a terrorisé les habitants d'un quartier résidentiel et «a mis la vie de certains d'entre eux en danger». M. Al-Theni n'a pas donné plus de détails sur l'attaque qui l'avait ciblée, mais une source au sein de son cabinet a indiqué qu'elle avait eu lieu sur la route de l'aéroport, sans faire de victime. Dans la même journée d'hier, deux soldats ont été tués et deux autres blessés dans l'explosion d'une voiture piégée devant l'entrée d'une caserne des forces spéciales à Benghazi. «Il s'agit probablement d'un attentat suicide mais nous attendons les résultats de l'enquête», a indiqué un officier de l'armée.