Alors que Samia descend les escaliers pour se rendre à la salle des professeurs qui est au rez-de-chaussée, elle sent quelqu'un marchant à côté d'elle. Elle tourne la tête et s'exclame : — Ah ! C'est toi Safia... — Oui, c'est moi...Je n'ai pas osé te déranger. Tu m'avais l'air si pensive, si lointaine. — Oui...C'est vrai... — Tu veux bien me répéter ce que tu m'as dit tout à l'heure ? — Attends que nous soyons d'abord arrivées à la salle des profs... Avant de te dire quoi que ce soit, je dois d'abord me procurer encore un ou deux cachets d'aspirine. Mon mal de tête me reprend. Un quart d'heure plus tard, les deux amies s'étaient retrouvées dans la rue cheminant côte à côte. Samia avait avalé un autre comprimé d'aspirine et avait fini par révéler à son amie, qui était en réalité le serveur de la pizzeria avant de conclure sur un ton désabusé : — Tu sais, Safia... Je viens de découvrir que je suis idiote... Tu te rappelles la manière avec laquelle j'ai traité ce type ? — Oui... Je t'avais bien dit de changer d'attitude à son égard... Mais tu ne voulais rien savoir. Je me rappelle encore une de tes phrases. «Dans ma petite cervelle, les riches se marient avec les riches, les pauvres avec les pauvres, les instruits avec les instruits et les incultes avec les incultes.» — Oui, je reconnais que tu avais raison et que moi je me suis conduite comme une parfaite idiote... Tout à l'heure, pendant qu'il me parlait, je me suis rappelé mon comportement envers lui dans la pizzeria et je me suis sentie ridicule. Après un court silence, Samia ajoute : — Je suis sûre qu'à cause de mon comportement indigne, je suis passée à côté de quelque chose qui ne se présente qu'une seule fois dans la vie. Safia regarde Samia et lui dit : — A mon avis, tu peux te racheter... — Oh ! Non... Je ne le pense pas... Samia avait une mine si triste que Safia la secoue : — Hé ! Mais qu'est-ce qui te prend ? Tu as commis une bêtise, c'est tout ! Tu n'as tué personne... — Ce que j'ai fait est pire, Safia. J'ai peut-être tué dans l'œuf mon avenir. Un jeune homme n'a cessé de manifester de l'intérêt à ma misérable personne pendant plusieurs jours et moi, je n'ai cessé de lui servir du mépris sous toutes ses formes. (A suivre...)