Résumé de la 136e partie ■ Les habitants restés au village, apprennent que l'attaque de l'hôpital a commencé... Tulio se tourna vers Chantal avec un regard désespéré : il vit un sourire effleurer les lèvres de la jeune femme, ce qui lui donna le courage nécessaire. Les nouveaux venus voulaient à tout prix s'emparer de Chantal, mais l'aréopage des vétérans s'y opposait : — Ils commencent à se disputer entre eux, signora ! déclara le ténor. C'est excellent pour vous. Chaque groupe revendique le droit de vous juger... Oh ! z'ai oune idée de zénie ! Si ça réussit, vous êtes sauvée... Il courut vers les lépreux en pleine discussion et recommença à leur parler d'une façon volubile. Chantal eut le sentiment que les paroles du ténor produisaient un grand effet : le calme se rétablit presque instantanément. A la fin de la péroraison de Tulio, une longue clameur de satisfaction, partie spontanément des deux groupes d'antagonistes, prouva, que l'unanimité était faite. Quatre malades se détachèrent et vinrent chercher Chantal. — Où m'emmènent-ils ? demanda-t-elle, effrayée, au ténor. — Vers le seul être qui puisse encore vous sauver : chez Will qui vous jugera là-haut, sur sa colline. Will est juste : ils reconnaissent tous sa sagesse et accepteront son jugement. Zé leur ai mis cette idée dans la tête quand z'ai vu qu'ils n'étaient pas d'accord. D'ailleurs, zé vous accompagne... Z'ai juré à la sœur Marie-Ange de ne pas vous abandonner. La montée vers la colline commença, étrange. La horde des lépreux précédait, entourait, suivait Chantal qui se sentait traquée, poursuivie par une meute hurlante et déchaînée. Le chemin dominait la vallée où avait été bâti l'hôpital. De loin, Chantal vit la bataille dont l'intensité croissait de minute en minute. Elle détourna la tête pour regarder vers l'autre versant du chemin et vit une épaisse colonne de fumée montant de l'un des villages de l'île. Tulio, qui venait de questionner les lépreux à ce sujet, lui confia : — Ils viennent d'incendier le village chinois parce que les malades chinois ont refusé obstinément de se joindre à eux dans la révolte. Par ce geste, ils veulent les punir d'être restés fidèles au Dr Watson. Le village était trop éloigné et la fumée trop opaque pour que Chantal pût distinguer quoi que ce fût. La révolte répandait ses effets destructeurs dans toute l'île. De plus en plus, Chantal comprenait que la mort du simple d'esprit n'avait été qu'un prétexte, permettant à toutes, les passions de s'assouvir. Les hindous détestaient les Chinois ; ils étaient entrés dans la révolte pour pouvoir incendier les cases des disciples de Bouddha, dont l'humeur pacifique cherchait dans le travail l'oubli du mal terrible. (A suivre...)