Perte ■ Par milliers, hommes, femmes et enfants ont déferlé dans le Vieux Homs détruit pour inspecter ce qui reste de leurs logements ou commerces. Nawal al-Masri, 51 ans, voile et abbaya noire, a perdu son atelier de couture, dans le souk de la vieille ville. «Tout est détruit, toutes les machines à coudre ont été volées, même le réfrigérateur et le générateur ont disparu», se lamente-t-elle. «Je n'ai retrouvé que mes ciseaux», précise cette couturière qui travaillait ici depuis 30 ans. «Laissez-moi tranquille», a lancé un homme au bord des larmes, en poussant une carriole dans laquelle se trouvaient des pièces de sa voiture endommagée. «Mon mari a retrouvé hier notre maison détruite. Nous sommes revenus prendre nos affaires», affirme, de son côté, Rima Battah, 37 ans, en emportant cinq sacs. Mais beaucoup d'habitants sous le choc ont refusé de parler. A vélo ou à motos, certains emportaient ce qu'ils ont pu trouver comme vêtements et autres affaires, abandonnés lors de leur fuite il y a deux ans alors que les combats faisaient rage. Dans la ville, des images diffusées montrent des slogans peints sur les murs comme «A bas Bachar el-Assad» ou encore «les jours sont comptés, la fin approche», de même que le drapeau de la révolte syrienne. C'est dans cette ville, à Homs, cité surnommée «capitale de la révolution», qu'a été lancée l'insurrection armée contre le régime, et qui s'est transformée en guerre civile. Alors que la plupart des logements sont inhabitables, la chambre de commerce de Homs a créé un «fonds de secours» de l'ordre de près de 600 000 dollars en vue de reconstruire le centre-ville, appelant les donateurs à contribuer à cette opération. «S'il y a de bonnes intentions, le Vieux Homs sera reconstruit dans un an», lance Abou Rami Abaibo, un commerçant. «Comme au Vietnam, au Japon, en Europe, on reconstruira après la guerre. C'est comme s'il y avait eu un tremblement de terre, et maintenant, c'est fini.» Pour les habitants du centre, ce retour ne se traduira cependant que par une courte visite, la plupart des logements étant totalement inhabitables. Des milliers de civils syriens sont retournés hier dans les ruines de la vieille ville de Homs, tentant de sauver le peu qui reste dans leurs maisons détruites par deux ans de combats féroces entre rebelles et soldats. Ce retour a été rendu possible par la conclusion d'un accord inédit entre les belligérants au terme duquel près de 2 000 rebelles exsangues ont été évacués de la vieille ville assiégée et violemment bombardée par les troupes du régime pendant plus de 24 mois. Le centre de Homs est désormais «sûr et totalement libéré des armes et des hommes armés», a indiqué hier le gouverneur de la province éponyme, Talal al-Barazi. L'armée, qui contrôlait déjà 80 % de la ville de Homs (centre), a pu entrer avant-hier vendredi dans l'ex-bastion rebelle. Les insurgés ne contrôlent plus que le quartier de Waer à Homs et des négociations pour leur retrait sont en cours. Avec cette prise de la quasi-totalité de la troisième ville du pays en guerre, le régime gagne des points à l'approche de l'élection présidentielle le 3 juin.