Initiative ■ Après Batna, le Bastion 23 d'Alger et Médéa, voilà que l'exposition «Ton regard sur ton patrimoine» s'empare des espaces d'exposition de la bibliothèque centrale de lecture de Tipasa en collaboration avec la direction de la culture de la wilaya. Un appareil photo jetable et le tour est joué : de magnifiques sites historiques, des vestiges, des ustensiles de cuisine, des habitations d'antan ont été dévoilés par les regards de 102 enfants âgés entre 8 et 12 ans au niveau de 60 villages de la région des Aurès. Résultat du concours photos lancé par l'association «les amis de Medghacen» cette activité ludique et pédagogique veut, selon M. Guerfi, le président de l'association, «aider les enfants à mieux connaître et comprendre leur patrimoine culturel et les initier à la pratique photographique et au recours à l'image comme moyen de communication», a-t-il souligné, expliquant l'importance de faire comprendre à nos enfants la valeur de cet héritage «être conscient de l'importance du patrimoine est le premier pas vers une participation active au processus de sa protection». L'initiative a permis de dévoiler des dizaines de sites inconnus et des richesses bien cachées dans des foyers. En effet l'enfant vous fait voyager via son regard innocent à travers des photos qui racontent toute la spécificité architecturale et culturelle des Aurès tels que perçus par ces chérubins. On parcourt des zones montagneuses avec les constructions en pierre et en bois, des caves, maisons et villages traditionnels (N'gaous, Rahbate, Chaabat Ouled Chlih, Bouzina, Ghoufi, Boumia..), les plaines, les zones sahraouies comme Imdoukel et Mchounèche et même l'architecture coloniale et ancienne. Ensuite c'est une virée vers la zaouïa Sidi Ahmed-Benyahia, El-Kantara, Kseur Rano (mosquée aujourd'hui), en passant par l'ancienne ville «Menâa» qui compte la zaouïa «Sidi Belabes» où Ahmed Bey se réfugia pendant 10 ans. On marque une halte dans la région de «Djemina» où se trouve le dernier refuge de la reine «El-Kahina» l'Aurassienne, où se trouve un canyon de 400 m et une grotte à provisions «el-kalâa» «ce même lieu était le refuge d'un autre roi nommé «Ibdès»à l'époque bizantine», nous a expliqué M. Guerfi. Puis vient le village rural «Boumiya»de la tribu des «H'rakta»dans la zone de«Maadher». Un beau voyage virtuel à travers les photos réelles inspirées de l'imaginaire des enfants sur la base de faits et moyens réels. On peut glisser vers le bain romain et le Musée de Lambèse pour se retrouver après dans un autre lieu historique symbole de tout l'Aurès et qui ressemble au Tombeau de la chrétienne de Tipasa sur son monticule. C'est le tombeau numide de Medghacen ayant des influences phéniciennes. Il est âgé de 2400 ans avec une dalle en cèdre dépassant de 400 ans celui de Tipasa bien qu'il lui ressemble. Il compterait 14 fausses portes. L'entrée principale n'a été découverte qu'au XXe siècle avec le caveau. Il est entouré de plusieurs tombeaux (nécropole) non visibles. M. Guerfi : «Nous voulons sensibiliser la société à travers l'enfant» «Les adultes se sont impliqués en aidant leurs enfants. Ils ont mis à leur disposition leurs bijoux, objets personnels hérités de leurs parents, des ustensiles de cuisine, des habits traditionnels et de la poterie ancienne», a indiqué le président de l'association les amis de «Imadghacen», M.Guerfi. Il a révélé, lors de la visite guidée de l'exposition, que cette initiative était simple et n'a coûté que 200 DA par enfant pour l'appareil photo jetable. «Nous avons pu sensibiliser les adultes et les enfants sur l'importance du patrimoine. Nous avons responsabilisé l'enfant pour le pousser à s'exprimer à sa manière sur son patrimoine. Et voici le résultat. Nous nous sommes retrouvés devant 35 000 photos. Nous avons choisi uniquement ce nombre. Le reste sera exploité dans d'autres circonstances à travers des photos numérisées». Sur le lancement de l'initiative, M. Guerfi a rappelé qu'elle date de 2012. «Le patrimoine a été expliqué aux enfants par le biais des bibliothèques communales. 30 enfants par commune ont été sélectionnés dans 60 communes de la wilaya de Batna. Ce qui a totalisé 1 800 enfants auxquels ont été distribués des appareils photo jetables pour s'exprimer chacun à sa manière.» Sur la base des décisions de plusieurs jurys, de nombreuses photos exceptionnelles se sont imposées, selon lui. «On pense que les enfants n'ont pas réalisé ces exploits seuls. Ils ont dû être aidés par les adultes. Et c'est cela notre objectif. La sensibilisation via l'enfant. Le message est passé. Les enfants ont compris ce que c'est que le patrimoine et les parents aussi. C'est cela le plus important»