La dernière exposition collective de la galerie de peinture Bouffée d'Art d'Alger propose au public, tout au long du mois de juin, une trentaine d'œuvres récentes d'art pictural contemporain. Neuf palettes de deux générations y signent un panorama mural où les supports et les techniques se mixent pour juxtaposer des univers d'un onirisme sombre à des mondes de joie et de lumière. Les acryliques sur papier de Jaoudet Gassouma, enfants de la BD et du graffiti, mettent une rousse Khalida et une invisible Gamra à l'œil vert, au centre de ses célèbres compositions perturbées. Les bordures en motifs zèbre y annoncent le déboulement d'une savane en folie. Debladji Saïd, use d'acrylique sur toile pour ses sombres Exode Calligraphique et Leïli, un triptyque, où des silhouettes furtives se profilent dans l'ombre mystérieuse d'escaliers et d'arcades. Des silhouettes qui, chez Djeffal Adlane, prennent, sous le modelage au couteau, la consistance et l'ampleur de personnages pivots. Ses couleurs à la fois denses et brillantes leur confèrent présence et mouvement. A contrario, les transparences très épurées de Hacen Drici, le plus jeune peintre de l'exposition, esquissent des mondes architecturaux habités d'une obscurité épaisse et peuplée. Les collages et techniques mixtes de Djahida Houadef créent un déferlement de motifs d'une nature paradisiaque alors que les grands tableaux de Mustapha Nedjaï, Implosion, Contorsion et Contorsion 2 forment le volet le plus sombre de l'expo. Maîtrise des techniques et des formes chez cet artiste qui conçoit son art comme un «instrument d'adaptation inventive». Les huiles sur bois de Zoubir Hellal, adepte du pop'art, proposent des histoires de «miroirs» et de «reflet» d'une fausse symétrie à rythme complexe. Répétitivité également chez Amar Briki qui expose ses «Etudes» «d'un livre», «d'une chemise» et «d'un arbre» avec une rigueur de mosaïque.