De mémoire de footeux, aucun Mondial n'a, peut-être, connu un démarrage aussi fulgurant que cette 20e édition, dont le coup d'envoi a été donnée jeudi à Sao Paulo avec le match inaugural entre le Brésil, pays organisateur et nation du football par excellence, et la Croatie. Quatre buts, tous marqués par des Brésiliens, y compris celui des Croates, signé Marcelo contre son propre camp, et déjà la première polémique sur l'arbitrage avec ce penalty imaginaire accordé à Fred par l'arbitre «manga» japonais Yuichi Nishimura. S'en suivra un autre penaud contestable, celui sifflé hier par l'Italien Nicola Rizolli en faveur de Diego Costa. Dans le même match, le même arbitre ne voit rien sur une charge dont a été victime le gardien Casillas sur le troisième but Néerlandais, alors que la veille notre ami japonais avait refusé un but croate sous prétexte qu'il y avait faute sur le portier brésilien Julio César. Le match Cameroun-Mexique n'a pas été épargné, lui aussi, par ces erreurs d'arbitrage avec un but refusé aux Mexicains pour une position de hors-jeu très peu évident. Il faut dire que les choses s'emballent au pays de la samba où l'on retiendra tout de même cette avalanche de quinze buts (déjà !) en deux jours et quatre matchs. On est loin des débuts calculateurs et frileux d'il y a quelques Coupes du monde où la palme revient incontestablement aux Pays-Bas qui ont humilié les Espagnols (5 à 1) dans le remake de la finale de 2010. Après cette déculottée qui fera certainement date, c'est Manchester United qui doit se frotter les mains car elle verra débarquer Louis Van Gaal dès la prochaine saison. Mais en attendant, les champions du monde en titre sont à ramasser à la cuillère, notamment cette défense fébrile et un gardien, Casillas, au fond du trou. Pour se consoler, les joueurs de la Roja devront se remémorer leurs débuts lors du dernier Mondial en Afrique du Sud, avec une défaite face à la Suisse avant de monter en puissance. En sera-t-il le cas pour une sélection qu'on étiquette de vieillissante et en fin de cycle ? On verra bien mercredi face au Chili, vainqueur d'une naïve sélection australienne (3 à 1). Quant au premier représentant africain, le Cameroun, il n'a pas du tout brillé et s'est fait surprendre par le Mexique sur un éclair d'Oribe Peralta. En gros, le Mondial a démarré sur les chapeaux de roues, mais avec un Brésil fade et loin d'être enchanteur pour égaler ses prédécesseurs de 1958 à 1986. Les foules enthousiastes, dans les tribunes où les belles supportrices défilaient à l'écran entre les fantasques fans de chaque pays, sentaient, elles, le fric et le chic. Les masses populaires, qui garnissent traditionnellement les travées de Maracaña et les autres enceintes du pays, n'ont pas les moyens de se payer un ticket de stade. Pis encore, quelques heures avant le coup d'envoi, les pauvres affrontaient les forces de l'ordre dans les rues de Sao Paulo qui les pourchassaient à coups de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc. On vous l'a bien dit, ça s'emballe au pays de la samba, mais pas comme sur les cartes postales.