Inégalité Les Israéliens bénéficient de l'eau courante toute l'année, les Palestiniens sont victimes, durant l'été, de coupures arbitraires, destinées à réaliser des économies d'eau au profit des colonies. La consommation moyenne et annuelle d'un Israélien (357 mètres cubes) est quatre fois plus élevée que celle d'un Palestinien de Cisjordanie (84,6 mètres cubes). La consommation domestique d'un citoyen israélien est trois fois supérieure à celle d'un Palestinien. La consommation agricole est également largement plus forte, et la politique israélienne de subventions encourage, de fait, une consommation élevée. Douloureux handicap pour l'agriculture palestinienne. Les colonies irriguent 60 % de leurs terres cultivables, contre 45 % en Israël et 6 % en Cisjordanie. L'agriculture israélienne ne répondant plus aux mêmes fantasmes aujourd'hui que dans les années 1960 «faire fleurir le désert», tout futur arrangement politique de la question de l'eau doit inclure le principe d'un transfert de l'eau du secteur agricole israélien vers la satisfaction des besoins des populations palestiniennes. Il existe un déséquilibre flagrant dans la régularité des approvisionnements. Les Israéliens bénéficient de l'eau courante toute l'année, les Palestiniens sont victimes, durant l'été, de coupures arbitraires, destinées à réaliser des économies d'eau au profit des colonies. Quant au prix de l'eau courante, un Palestinien paye le même prix qu'un consommateur israélien, alors que le PIB par habitant est 20 fois plus élevé en Israël qu'en Cisjordanie. De plus, l'eau utilisée par les colonies juives est fortement subventionnée. Un Palestinien doit payer quatre fois plus cher qu'un colon pour y accéder. Ainsi, une famille palestinienne peut dépenser des centaines de shekels (monnaie israélienne) par mois, alors que le revenu mensuel moyen n'excède pas 1 500 shekels. La politique israélienne, en privilégiant l'approvisionnement des colonies juives, distingue deux populations en Cisjordanie: les Palestiniens et les colons juifs... Ici, Israël se conduit comme un État colonisateur : les «indigènes», c'est-à-dire les Palestiniens, sont placés en position d'infériorité et doivent se satisfaire d'un statut inégal et inférieur. Les Règles de Helsinki de 1966 définissent le principe d'utilisation équitable des ressources communes. Les ressources de l'aquifère montagneux de Cisjordanie et du bassin du Jourdain sont, selon ces règles, considérées comme des «eaux internationales». L'utilisation de ces ressources doit donc être partagée entre Israéliens et Palestiniens. Israël estime jouir de droits historiques légitimes sur l'aquifère. Ces droits seraient nés de l'antériorité de l'usage qu'a fait Israël des eaux et du volume des ressources qui coulent naturellement sur son territoire. Cet argument israélien ne tient pas face au droit international qui impose une redistribution des ressources communes en faveur des Palestiniens La Déclaration de principes d?Oslo 2 a reconnu un droit à l'eau aux Palestiniens, oubliés en tant qu'entité politique distincte dans tous les plans de partage de l'eau des années 1950. Elle fixe, en 1993, les grandes bases des accords qui seront entérinés deux ans plus tard en septembre 1995. Les accords d'Oslo 2 stipulent que le Conseil palestinien doit établir, durant les cinq années de la période intérimaire, une Autorité palestinienne de l'eau, prévoient une coopération dans la gestion et le développement des ressources aquifères de Cisjordanie et de Gaza, et prétendent instaurer des allocations équitables qui satisferont les besoins de chacun. Ainsi, les accords d'Oslo 2 augmentent de façon significative les quotas d'eau alloués à l'Autorité palestinienne. Celle-ci peut désormais utiliser 70 à 80 millions de mètres cubes supplémentaires tirés de l'aquifère de Cisjordanie, et reçoit 28,6 millions pour les besoins domestiques de sa population. Cependant, selon B'Tselem, Israël ne respecte pas cet accord et empêche l'Autorité palestinienne de recevoir l'approvisionnement prévu par de nombreux obstacles bureaucratiques qui retardent le forage de nouveaux puits palestiniens. Car, «en ce qui concerne l'eau, Israël ne veut dépendre d'aucun pays voisin, même en temps de paix». Le problème du partage de l'eau ressort notamment d'un blocage psychologique, d'une paranoïa israélienne de peur de voir l'Autorité palestinienne prendre le contrôle d'une ressource aussi stratégique que l'eau. Au cours des négociations de paix, la position adoptée par Israël consiste alors à dépouiller la question de l'eau de son aspect politique et à limiter le débat à son aspect technique. En raison des divergences dans l'approche de la question de l'eau, la Déclaration de principes aboutit à une impasse. En outre, la persistance des mouvements extrémistes juifs, la politique de Benyamin Netanyahou et la poursuite de la stratégie hydraulique israélienne ont figé la situation. Ainsi, bien que les accords d'Oslo soient censés mettre un terme aux politiques restrictives israéliennes, dans la pratique, la mainmise israélienne se poursuit et la dépendance des Palestiniens s?accentue.